اخبار مترجمة :Ces 4 programmes d’armement aussi indispensables aux armées qu’à l’industrie de défense française

Alors que le salon Eurosatory prend fin, après avoir été une des éditions les plus riches de nouveautés ces 30 dernières années, le sentiment, vis-à-vis de l’industrie de défense française, apparait pour le moins mitigé.

En effet, si certaines innovations françaises ont été présentées, et des contrats signés, il apparait que les stratégies et équipements présentés par les autres BITD, notamment européennes, semblaient parfois plus avancés, et souvent plus volontaires, qu’il s’agisse du domaine des blindés, des systèmes antiaériens ou des drones.

Or, la perception d’un possible déclassement partiel de l’industrie française de défense ne touche pas que l’armement terrestre, et peut, à terme, venir nuire aux exportations nationales dans ce domaine, donc au fragile équilibre au cœur de l’équation industrielle de l’autonomie stratégique française.

Pour repositionner cette industrie dans son écosystème mondial, comme pour doter les armées des équipements qui formeront leur efficacité et leur caractère dissuasif dans les décennies à venir, il serait probablement pertinent de s’appuyer sur certains programmes à moyenne échéance, complémentaires, mais plus diversifiés, que ceux actuellement à l’étude, et ainsi retrouver la dynamique qui était celle de la France, dans ce domaine, au début des années 90.

Dans cet article, quatre de ces programmes sont étudiés, aussi pertinents pour les armées françaises dans le monde qui se dessine, qu’essentiels pour les industries de défense françaises, afin de préserver l’ensemble de leurs compétences et leurs marchés d’exportation : une nouvelle plateforme blindée chenillée de la gamme 40 tonnes, un obusier Caesar de 105 mm, un destroyer polyvalent hybride à capacités modulaires ainsi qu’un Module de mission standardisé.

Une plateforme de blindé chenillé polyvalent de 40 tonnes

De toutes les évolutions, dans le domaine des armements terrestres, mises en évidence par le Salon Eurosatory, c’est incontestablement le retour du besoin pour des blindés plus lourds, mieux protégés et chenillés, qui s’est imposé auprès des visiteurs et des analystes spécialisés.

Rheinmetall Mutliplie Les Declinaison De Sa Plateforme Lynx De 40 Tonnes, Y Compris En Chasseur De Chars.

En effet, avec la mise en évidence, par le conflit ukrainien, des limites des blindés sur roues, notamment en termes de masse, donc de protection, et de mobilité en terrain meuble, de nombreuses armées, en particulier en Europe, et d’industriels, ont massivement réinvesti le domaine, en présentant de nouveaux modèles de chars de combat, mais également des plateformes chenillées polyvalentes, comme le KF41 Lynx de Rheinmetall, l’Ascod espagnol, ou le CV90 suédois.

Si ces modèles ont initialement été employés pour concevoir des véhicules de combat d’infanterie de 35 à 40 tonnes, mieux protéger et mieux armés que les VBCI français, ils ont, depuis, été dérivés en de nombreuses versions spécialisées, comme porteurs de systèmes d’artillerie ou de drones, en systèmes antiaériens et même en chars légers et chasseurs de chars, répondant simultanément aux besoins de leurs armées, et à la forte demande européenne et mondiale.

L’industrie française, pour sa part, demeure particulièrement absente de ce domaine, en forte demande, tant pour s’équiper de véhicules de combat d’infanterie, que de systèmes antiaériens et d’artillerie mobiles et sous blindage.

En effet, en dehors du Leclerc, et du très prometteur Leclerc Évolution, dont le destin est encore loin d’être assuré, aucun blindé chenillé n’a été présenté lors de ce salon, KNDS France, comme Arquus et Texelis, ayant présenté exclusivement des modèles sur roues.

Or, la plupart des experts français du domaine, comme Marc Chassillan, ou Yann Boivin, soulignent ce biais purement français, visant à ne privilégier que la roue, pour conserver des capacités de projection par transport aérien, au détriment des capacités d’engagement de ligne.

Les Véhicules De Combat D’infanterie Chenillés Sont Largemetn Acquis Par De Nombreuses Armées, En Europe Et Ailleurs, Pour Leur Haut Niveau De Protection, Et Leur Puissance De Feu.

Un programme en ce sens permettrait alors aux armées françaises de disposer d’un support polyvalent pour compléter ses compétences d’engagement de ligne en haute intensité, et aux industriels de répondre aux attentes d’un marché dynamique, en retrouvant des savoir-faire et infrastructures industrielles en matière de véhicules chenillés, de groupe motopropulseur et de transmission, et en se défaisant de la limite de huit tonnes par essieu, désormais très pénalisante, des blindés sur roues.

Un obusier Caesar léger de 105 mm, le Quick-Win des programmes d’armement terrestre français

Si le premier programme évoqué ici, requiert un engagement budgétaire, industriel et militaire, relativement conséquent, se chiffrant en centaines de millions d’euros, et plus probablement, en plusieurs milliards d’euros, le second peut être qualifié de Quick-Win.

En effet, la conception d’une version allégée du système d’artillerie Caesar, équipée non par un canon de 155 mm, mais par un obusier de 105 mm, et monté sur un véhicule 4×4, plutôt que 6×6 ou 8×8, pourrait ne nécessiter que quelques dizaines de millions d’euros, tant pour la conception que pour en équiper les régiments français, en complément des Caesar Mk2 et des mortiers Griffon MEPAC.

Le fait est, pour donner vie à un tel système, l’industrie de défense française, et KNDS France en particulier, disposent déjà de l’ensemble des briques technologiques nécessaires, avec, d’un côté, le VBMR-L Serval, voire le futur VBAE, de l’autre, les systèmes de localisation, calculateur balistique et de pointage, du Caesar Mk2. Quant à l’obusier LG1 Mk2 de 105 mm de KNDS France, il demeure une référence en matière d’obusier léger aujourd’hui tracté.

Le Caesar Dispose D’une Excellente Image D’efficacité Qu’il Convidrait D’exploiter Au Delà De La Seule Declinaison Modernisée Caesar Mk2.

Un obusier CAESAR de 105 mm pourrait, en outre, s’appuyer sur un atout de taille, sur la scène internationale, l’excellente image dont joui le CAESAR aujourd’hui dans les Armées, du fait de son efficacité reconnue en Ukraine. Qui plus est, en proposant un produit plus « entrée en gamme », notamment de prix, la famille CAESAR pourrait bénéficier de certaines synergies, technologiques, évidemment, mais surtout commerciales, et en termes de maintenance, au profit de l’ensemble de la famille.

En d’autres termes, élargir de cette manière la gamme Caesar, par un système encore plus mobile et peu onéreux, ne nécessiterait qu’une prise de risques minimale, en termes d’investissements, et pourrait encore accroitre l’omniprésence de KNDS France dans la technologie des canons d’artillerie portée, tout en fournissant, aux armées françaises, une solution intermédiaire entre le MEPAC et le CAESAR 155 mm, particulièrement pertinente pour les unités d’artillerie légère, comme les troupes de marines, la légion, les troupes aéroportées et les troupes de montagne.

Destroyer polyvalent hybride à capacités modulaires

Au-delà des équipements terrestres, la démarche destinée à accroitre les capacités des armées françaises, en soutenant l’industrie de défense et ses exportations, s’étend également au domaine naval.

En effet, ces dernières années, la demande, en matière de navires de surface combattants, frégates, destroyers et corvettes, a connu une sensible évolution, vers des navires plus lourds, davantage armés, et disposant de capacités étendues, comme le DD(x) italien, le Type 83 britannique, la F126 allemande, le KDDX-3 sud-coréen, ou le DDG(x) américain.

Le Ddx Italien Devrait Depasser Les 10 000 Tonnes Et Emporter 80 Silos Verticaux De Missiles

Tous ces navires sont imposants, avec un tonnage supérieur ou égal à 10 000 tonnes, lourdement armés, avec de 80 à 96 silos verticaux, et disposent d’une puissance énergétique suffisante pour accueillir, à l’avenir, des armes à énergie dirigée.

Malheureusement, pour Naval Group et l’industrie de défense navale française, le fer de lance industriel, dans ce domaine, est aujourd’hui la FDI, un navire très performant mais compact, avec un déplacement de 122 m et 4500 tonnes, armées de 16 ou 32 missiles en silo.

La Marine nationale, elle aussi, devra certainement se doter d’un destroyer plus lourd, d’ici à la fin de la prochaine décennie, lorsqu’il sera nécessaire de remplacer les deux frégates de défense aérienne Horizon. Toutefois, le marché export pour ce type de navires, sera nécessairement limité, et très concurrentiel, du fait de la présence des modèles précédemment évoqués, auxquels s’ajouteront les navires turcs, indiens ou encore chinois.

Dans ce contexte, la conception d’un navire plus polyvalent, structurellement, que le destroyer classique, pourrait constituer un atout de taille pour l’industrie navale française, et la Marine nationale. Comme évoqué dans un précédent article, il existe, en effet, un besoin, pour celle-ci, concernant un destroyer hybride, disposant à la fois des capacités de défense de la frégate, en particulier concernant la défense aérienne et anti-drones, et la frappe vers la terre, et les navires d’assaut de type LPD.

En étendant le concept, il est possible d’imaginer un destroyer dont la polyvalence pourrait être étendue, en fonction des missions, au travers de modules de missions, prenant place, au besoin, sur la zone arrière du navire, au niveau du point d’envol de la partie LPD, voire, également, dans l’éventuel radier.

Le Modèle Fearless Du Programme Mrss De La Royal Navy Préfigure Les Prémices D’un Destroyer Modulaire Polyvalent

Ces modules de mission permettraient d’ajouter dynamiquement des capacités, comme des munitions supplémentaires, des drones, des capacités sanitaires, voire des capacités d’extension de mission (carburant), sous la forme de conteneurs standardisés venant prendre place sur des emplacements réservés et adaptés pour les recevoir.

Ce faisant, le destroyer, puisqu’un navire de fort tonnage s’impose pour exploiter au mieux ce paradigme, pourrait renforcer ses senseurs et effecteurs, au travers de ces modules de mission, par ailleurs aérotransportables, afin de disposer des moyens adaptés à la mission.

Le destroyer, lui-même, serait conçu pour apporter l’environnement d’exploitation de ces modules, qu’il s’agisse de défense aérienne en étendant le nombre de missiles ensilotés, de lutte anti-sous-marine au travers de drones aériens et navals et d’hélicoptères, d’assaut amphibie en renforçant les capacités d’appui, de commandement et de soutien.

Il pourrait enfin faire office de base de déni d’accès naval, en renforçant les senseurs déportés (drones aériens/navals), les munitions antiaériennes et antinavires, et les systèmes de guerre électronique et cyber.

Les Frégates De Défense Aérienne Horizon Devront Être Remplacées À La Fin De La Prochaine Decennie.

Bien qu’onéreux, ce type de navire pourrait s’appuyer sur une architecture et une offre de capacités modulaires et évolutives, susceptibles de séduire certaines marines sous pression, mais ne disposant que de moyens humains ou financiers suffisants pour se doter simultanément d’une flotte de LPD et de destroyers ou frégates lourdes, pourraient trouver un réel intérêt dans cette approche.

Quant à la Marine nationale, cela lui permettrait simultanément d’augmenter la polyvalence de ses unités lourdes de surface combattantes classiques, en remplacement des Horizons, mais aussi d’accroitre le nombre de coques sur laquelle la R&D pour la conception de ces navires porterait, en construisant, en plus des deux remplaçants des Horizon, deux ou trois unités destinées à la protection des grandes emprises ultramarines françaises, comme la Nouvelle-Calédonie et la Réunion, voire la Polynésie ou la Guyane.

Modules de mission standardisés

Reste que pour donner naissance à ce type de navire, encore faut-il disposer des modules de mission requis, et d’un environnement de mise en œuvre efficace. Et ce n’est pas chose simple, puisque même la puissante US Navy, a décidé de jeter l’éponge, à ce sujet, en 2015, alors que les modules de mission constituaient le cœur du programme LCS.

Rappelons qu’un module de mission se conçoit comme une capacité autonome intégrée dans un module, le plus souvent, un conteneur reprenant les dimensions d’un conteneur de fret de 20 pieds.

Ces capacités peuvent être constituées de moyens supplémentaires, comme des munitions ou des drones, prêts au lancement, mais aussi d’effecteurs non cinétiques, comme des capacités de guerre électronique ou cyber, ou des capacités de soutien, comme dans le sanitaire.

Les Modules De Mission Tels Qu’envisagés Sur Les Lcs De La Classe Independance.

En outre, les modules de mission peuvent être autonomes (branchés directement sur le système de combat du navire, par exemple, dans le cas de munitions complémentaires), à contrôle déporté (depuis le CO du navire les mettant en œuvre), ou accueillir du personnel, comme pour les antennes médicales et le cyber. Toute la difficulté, concernant ces modules, réside donc dans leur interconnexion efficace avec le reste du système, le destroyer ou la frégate, dans le cas de systèmes navals.

En effet, à l’instar du VLS, qui permet de réarmer un missile dans une interface prête à l’usage, le Module de mission se doit, pour être efficace, d’être le plus proche possible de la notion de Plug&play.

Cela suppose donc de disposer des interfaces, qu’elles soient énergétiques (puissance électrique), numériques (connexion au système de combat) mais aussi thermiques (système de refroidissement) du navire, tout en conservant des accès exploitables pour les éventuels personnels qui viendraient y prendre place.

Il apparait donc que le principal enjeu, dans la conception des modules de mission, repose non pas dans la conception des modules eux-mêmes, et de leurs capacités, mais de cette interface polyvalente, susceptible d’apporter l’ensemble des besoins et capacités d’interaction nécessaires à leur exploitation efficace.

Une fois résolu ce problème, en revanche, les navires qui en seront dotés, disposeront d’une adaptabilité presque illimitée pour répondre aux besoins présents et à venir, leur conférant une attractivité sans équivalent sur le marché mondial, et une plus-value opérationnelle inégalée, en particulier pour les marines ne pouvant démultiplier à l’infinie les coques.

Le Conteneur De 20 Pieds Tend À Se Standardiser Pour Embarquer Des Capacités Mobiles Volumineuses, Comme Ici Le Canon À Microonde Thor De L’us Air Force.

De manière tout aussi intéressante, rien n’empêcherait de généraliser l’interface alors développée, aux autres environnements d’exploitation, en particulier sur terre, de sorte à concevoir des porteurs polyvalents, et des systèmes d’interconnexion, pour alimenter en données et en énergie les modules, ou pour en exploiter les informations.

L’indispensable changement dans les relations entre les armées françaises et l’industrie de défense nationale pour soutenir les exportations d’armement.

Les programmes évoqués dans cet article, ne constituent qu’un extrait des programmes pouvant être lancés à relativement court terme, afin de reprendre l’avance technologique qui était celle de l’industrie de défense française, et des armées françaises, sur la scène mondiale, il y a de cela une trentaine d’années, à l’arrivée d’équipements majeurs comme le Rafale, du char Leclerc, du canon Caesar, de l’hélicoptère Tigre, de la frégate légère furtive ou, encore, des sous-marins Scorpene.

On notera, à ce titre, que les équipements portant aujourd’hui le succès des exportations défense françaises, et ayant permis à la BITD de se classer sur la seconde marche du Podium des exportateurs d’équipements de défense, ces dernières années, sont très majoritairement issus de cette génération d’armement pourtant pas si jeune.

Au-delà des opportunités évoquées ici, concernant une plateforme blindée chenillée, un Caesar de 105 mm, un destroyer modulaire et des modules de mission standardisés, ces exemples montrent qu’il existe toujours des axes de développement qui permettraient simultanément à l’industrie de défense et aux armées, de préparer, à relativement courte échéance, la relève conceptuelle des équipements des années 90, pour conserver leur place prépondérante dans la hiérarchie mondiale, à partir de la décennie suivante.

Les Équipements De Défense Français Apparus Dans Les Années 90, Continuent De Représenter Le Gros Des Exportations Françaises D’armement Aujourd’hui.

Pour y parvenir, il est cependant nécessaire que les Armées, la DGA et le ministère des Armées, intègrent dans leur planification propre, le critère exportation comme un élément prépondérant, quitte à devoir y sacrifier quelques optimisations, car jouant un rôle décisif dans la pérennité de l’autonomie stratégique nationale.

Ainsi, si KNDS France propose un Leclerc Evolved, une plateforme chenillée de 40 tonnes, ou un Caesar de 105 mm, si Naval Group propose un destroyer modulaire, une corvette de nouvelle génération, ou un sous-marin lithium-ion, ou si Airbus Helicopters propose un hélicroptère Racer, il est sans aucun doute, de l’intérêt supérieur des armées, d’accompagner ces programmes, et de s’en doter, quitte à devoir y sacrifier quelques centaines de Griffon et Serval, quelques Patrouilleurs hauturiers et même une ou deux frégates, et quitte à renoncer à une vingtaine de NH90, pour s’en équiper, et mettre le pied à l’étrier des industriels et de leurs équipements, sur la scène internationale.

Cette stratégie des séries limitées, mais admises au service par les armées nationales, est par ailleurs largement employée par d’autres pays, comme l’Allemagne avec les 18 Leopard 2A8 ayant déjà engendré une centaine de chars de ce type déjà vendus en Europe, la Turquie qui a pris une position de leader dans le monde des drones en appliquant cette approche, mais aussi la Russie, spécialiste de la petite série opérationnelle, tant à des fins d’essai que de soutien à l’exportation.

Reste que pour convaincre les armées françaises, déjà sous de fortes pressions budgétaires, d’un tel changement de paradigmes, il sera certainement indispensable de les associer bien plus efficacement, au succès des exportations, y compris sous la forme d’une part variable au budget, au-delà de la trajectoire LPM, qui serait remplie par préemption d’une partie des recettes sociales et fiscales liées aux exportations.

C’est assurément à cette condition qu’industriels et militaires français pourront s’engager dans la voie d’une coopération bien plus efficace en faveur des exportations, donc de l’autonomie stratégique à moyens termes.

Article du 24 juin, en version intégrale jusqu’au 16 aout

JOIN US AND FOLO

Telegram

Whatsapp channel

Nabd

Twitter

GOOGLE NEWS

tiktok

Facebook

مصدر الخبر
نشر الخبر اول مرة على موقع :meta-defense.fr بتاريخ:2024-08-09 18:03:04
ادارة الموقع لا تتبنى وجهة نظر الكاتب او الخبر المنشور بل يقع على عاتق الناشر الاصلي
تم نشر الخبر مترجم عبر خدمة غوغل

Exit mobile version