اخبار مترجمة :La France va développer une munition antiradiation pour le Rafale dès 2025, enfin !

Après le retrait des derniers Jaguar équipés de la munition antiradiation AS37 Martel, à la fin des années 90, les forces aériennes françaises ne disposent plus d’aucune munition dédiée à la destruction des radars adverses.

Ce besoin a été, à de nombreuses reprises, mis en avant, par les spécialistes du sujet, et par les forces aériennes françaises elles-mêmes, même si ces dernières ont pu s’appuyer sur des solutions alternatives, comme les bombes guidées ou les missiles de croisière, ponctuellement. Pour autant, jamais le développement de ce type de munition, conçue pour éliminer les radars des défenses aériennes, n’a été intégrée à la planification militaire française, longtemps presque exclusivement conditionnée par des engagements asymétriques, pour lesquels le besoin n’existait pas.

La guerre en Ukraine, et la neutralisation réciproque et presque totale des forces aériennes, par les défenses aériennes russes et ukrainiennes, a sonné comme un cruel rappel à l’ordre, pour le ministère des Armées : Si les forces aériennes veulent pouvoir appuyer leurs forces terrestres et navales, elles doivent à présent disposer des munitions antiradars nécessaires.

C’est précisément le développement de cette munition, baptisée AASF, qui vient d’être annoncée par ce même ministère des Armées qui jugeait ce besoin inutile, il y a tout juste trois ans, pour armer le futur Rafale F5, et son drone de combat Loyal Wingmen.

Munition antiradiation pour le Rafale : un besoin identifié de longue date

Contrairement à une munition air-sol de précision classique, qui remonte un faisceau laser, qui frappe des coordonnées précises à l’aide d’un guidage satellite, ou, dans de plus rares cas, qui dispose d’un autodirecteur radar ou infrarouge, une munition antiradiation, est conçue pour remonter le faisceau électromagnétique d’un radar, pour venir le détruire.

L’ae-18G Growler De L’us Navy Est Aujourd’hui Le Seul Avion De Combat De Guerre Électronique Moderne, En Service Dans Les Fores Aériennes Occidentales.

En occident, c’est le missile AGM-88 HARM américain, qui est le plus souvent utilisé pour cette mission. D’une portée de 150 km, celui-ci peut être lancé par l’avion porteur, pour pister un faisceau radar, et aller le détruire, à l’aide d’une charge explosive guidée de presque 70 kg. Le HARM équipe aujourd’hui huit forces aériennes de l’OTAN, dont l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne et la Pologne.

Le missile britannique ALARM, conçu par MBDA, est une alternative plus légère au HARM, en service uniquement au Royaume-Uni, et en Arabie Saoudite. La France, elle, employait pour cette mission le missile AS37 Martel, jusqu’à la fin des années 90. Loin d’égaler les HARM et ALARM beaucoup plus modernes, il était cependant capable de remonter un faisceau radar sur une centaine de kilomètres, pour éliminer, principalement, les imposants radars de surveillance soviétiques.

Le retrait du Jaguar a entrainé le retrait de l’AS37, et avec eux, de la compétence antiradar pour les forces aériennes françaises. À ce moment-là, la France estimait que le Rafale, son système d’autoprotection SPECTRA, et ses munitions de précision à guidage laser, puis GPS, seront suffisants pour neutraliser les quelques menaces de ce type qui pouvaient émerger, alors que le pays était fermement ancré dans la période des bénéfices de la paix, et la réduction des crédits de défense qu’elle entrainait.

En 2021, Meta-defense publiait, à ce sujet, un article appelant à la conception d’un Rafale dédié aux missions de suppression des défenses aériennes adverses, ou SEAD, ainsi que d’une munition antiradiation dédiée, sur la base de l’évolution rapide des moyens de défense aérienne et de déni accès, spécialement en Russie et en Chine.

L’ancien Député De Seine-Saint-Denis J.c. Lagarde, Avait Interrogé En 2021, Le Ministère Des Armées Sur La Pertinence De Developper Un Rafale De Guerre Léectronique Et Un Missile Antiradiaition.

L’article fut assez pertinent pour convaincre le député de Seine-Saint-Denis UDI J.C. Lagarde, d’interpeller la ministre des Armées, Florence Parly, à ce sujet. La réponse du ministère est arrivée quelques mois plus tard, en janvier 2022. Comme on pouvait s’y attendre, celle-ci écartait toute option de ce type, arguant que le système d’autoprotection SPECTRA du Rafale, les munitions de précision françaises, et la coopération interalliée, suffisaient largement à contrôler cette menace.

La guerre en Ukraine a montré le caractère indispensable des missions SEAD pour conserver une liberté de manœuvre suffisante

Difficile d’avoir été plus à contre-temps, pour le ministère des Armées, à ce sujet. En effet, moins de deux mois plus tard, commençait l’opération spéciale militaire russe contre l’Ukraine, qui allait faire l’effet d’un électrochoc au sein des forces aériennes occidentales et de leurs ministères de tutelles.

En effet, non seulement la guerre de haute, et même très haute intensité, refaisait son apparition en Europe, mais les défenses aériennes ukrainiennes, se sont montrées à ce point efficaces, pendant presque deux ans, qu’elles neutralisèrent une majeure partie des moyens d’action de la surpuissante force aérienne russe, et son millier d’avions de combat.

Si, pour les armées russes et ukrainiennes, qui disposaient d’une très importante puissance de feu terrestre, l’absence de soutien aérien ne représentait pas une catastrophe opérationnelle, ce n’est pas le cas des forces occidentales, beaucoup plus légèrement dotées (alors), en matière d’artillerie de campagne, et de lance-roquettes multiples, pour apporter l’indispensable appuie-feu aux forces terrestres de contact, et pour frapper la profondeur de l’adversaire.

Si Le Rafale Dispose D’une Vaste Panoplie De Munitions Air-Sol Et Air-Surface De Précision, Il Ne Dispose D’aucun Missile Antiradiation À Ce Jour.

Certes, les aviations occidentales, et françaises en particulier, disposaient de munitions de précision à longue portée, dites « Stand-off », mais celles-ci s’avèrent aussi onéreuses que longues à produire, et ne sont disponibles qu’en faible quantité, insuffisantes pour soutenir un conflit comme en Ukraine.

Il n’est guère surprenant, dès lors, que le sujet des munitions antiradiations revienne dans l’actualité, en France, alors que Paris et le ministère des Armées se sont engagés dans un véritable effort pour renforcer les moyens des armées françaises, en cas de conflit de haute intensité, y compris contre la Russie, et sa défense aérienne multicouche d’une extraordinaire densité.

Une munition antiradiation développée dès 2025 pour les forces aériennes françaises

En effet, les documents accompagnant le projet de loi de finance 2024, pour les armées, évoque une enveloppe de 41 m€, destinées aux études préalables dans le cadre du programme AASF, pour Armement Air Surface du Futur, une munition air-sol destinée, selon sa description, à la suppression des défenses sol-air à courte et moyenne portée. En d’autres termes, une munition antiradiation.

Pour l’heure, le programme n’en est qu’à ses balbutiements, n’ayant ni enveloppe, ni calendrier définitif, et pas davantage, évidemment, de maitre d’œuvre. Deux entreprises françaises peuvent produire une munition de ce type, le missilier MBDA, d’une part, qui peut, notamment, s’appuyer sur sa parfaite maitrise de la cinématique des missiles aéroportée et de leur contrôle, et Thales, pour ses compétences sans égales, en matière de radar.

La France A Perdu La Capacité Sead Avec Le Retrait Des Derniers Jaguar Équipés Du Missile As37 Martel/Armat, À La Fin Des Années 90.

Il est probable, à terme, que les deux industriels soient appelés à coopérer dans ce domaine, pour produire, au plus vite, le système attendu. Car, en effet, le temps presse. Ainsi, pour un nombre croissant de services de renseignement européen, les risques que la Russie dispose des moyens suffisants, pour entamer une opération militaire contre certains pays européens, sont à nouveau élevés, avec une échéance évaluée de 2027 à 2030, selon les sources, et les hypothèses retenues.

Or, pour les forces aériennes françaises, les plus importantes en Europe, numériquement parlant, il s’avère indispensable de pouvoir, rapidement, disposer des moyens nécessaires pour mener des missions SEAD, afin de s’assurer d’une certaine liberté de manœuvre, en soutien des forces engagées à terre, le cas échéant.

Rappelons, à ce sujet, qu’il y a deux ans de cela, un rapport de l’état-major britannique estimait que les forces aériennes portaient 75 % de la puissance de feu au sein de l’OTAN. La Russie ayant accumulé une grande expérience en Ukraine, pour corriger les faiblesses qui étaient les siennes, en matière d’organisation et de mise en œuvre de leur puissante défense aérienne, l’élimination des radars, qui dirigent cette DCA, s’avère prioritaire à toute action de soutien aux forces engagées sur terre.

Une munition indispensable au Rafale F5 et à son drone de combat Loyal Wingmen

Bien que ce ne soit pas spécifiquement évoqué par les annexes du PLF, il est très probable que cette nouvelle munition antiradiation soit, avant tout, destinée à armer le nouveau drone de combat qui accompagnera le futur Rafale F5, à partir de 2033.

En effet, un missile antiradar est une arme passive, c’est-à-dire qu’elle n’émet aucune radiation électromagnétique. Ce faisant, elle s’avère parfaitement adaptée pour armer un drone de combat furtif, spécialement conçu pour s’infiltrer dans le maillage radar adverse, précisément pour le cartographier, voire le détruire, sans jamais révéler sa position.

Le Drone De Combat Qui Accompagnera Le Rafale F5, Sera La Plateforme Ideale Pour Mettre En Oeuvre Un Missile Antiradiation.

En outre, contrairement aux armes à guidage GPS/inertiel, comme le SCALP-ER ou les A2SM Hammer, qui nécessite une localisation précise de la cible, avant de faire feu, une munition antiradiation peut être lancée avec un très faible préavis, dès lors qu’un faisceau radar est détecté, en faisant une arme de riposte très efficace, pour des engagements au tempo de plus en plus soutenu.

Toutefois, si la future AASF sera, indiscutablement, l’effecteur indispensable aux missions SEAD du drone de combat français, elle pourra, très certainement, armer d’autres appareils, y compris les Rafale F5, et les futures évolutions de la branche parallèle du Rafale F4.1.

En effet, l’emport d’un missile de ce type, constitue une assurance-vie très efficace pour forcer un radar de tir adverse à cesser sa poursuite, contre sa cible, en éteignant son émission, pour tenter de faire perdre la localisation à la munition antiradar tirée contre lui. Ce faisant, le radar ne peut plus transmettre d’information aux systèmes de tirs, laissant le temps à l’appareil, de s’éloigner de la zone dangereuse.

Ainsi, depuis plus d’un an, maintenant, les Su-30, 34 et 35s, envoyés à proximité des lignes ukrainiennes, emportent presque systématique un missile antiradiation comme le KH-31MP, a des fins d’autodéfense, et non de mission SEAD.

Un Pod de brouillage toujours indispensable, mais toujours ignoré

On ne peut, naturellement, que se montrer satisfait de l’annonce, indirecte, du développement de la munition antiradiation AASF, dans le cadre du programme Rafale F5, celle-ci venant, de manière évidente, combler un besoin capacitaire flagrant, pour les forces aériennes françaises.

Pod De Brouillage Ngj-Mid Band Monté Sur Un E/A 18G Growler De L’us Navy

En outre, avec le succès à l’exportation du Rafale, ces dernières années, il est très probable que le marché export sera au rendez-vous, pour cette munition, comme c’est déjà le cas pour le missile MICA, le SCALP-ER et la bombe propulsée Hammer, de sorte à étoffer la gamme de munitions du chasseur français.

Pour autant, les observations publiées dans l’article du 15 juin 2021, sur Meta-defense, demeurent valides, et ont même été considérablement renforcées par les riches enseignements de la guerre en Ukraine. Or, celles-ci s’appuyaient sur trois capacités complémentaires, pour mener efficacement des opérations SEAD et pour défier les défenses aériennes d’un adversaire puissant, comme peut l’être la Russie.

Outre le missile antiradiation, la capacité globale reposait sur une base de données précise et mise à jour, des moyens électroniques déployés par l’adversaire, ainsi que sur la conception d’un puissant pod de guerre électronique, pour étendre la protection antiradar au-delà du seul appareil porteur.

La cartographie des moyens électroniques de l’adversaire est du ressort du programme Archange, de l’Armée de l’Air et de l’Espace, trois avions Dassault Falcon 8x, bardés de capteurs électroniques, destinés à remplacer les C-160G Gabriel, dans cette mission. Le premier Archange doit entrer en service en 2025, et apportera de nouvelles capacités très utiles, et indispensables, dans ce domaine, aux forces aériennes françaises, ainsi qu’aux industriels de la BITD française.

En revanche, la conception d’un pod de brouillage n’est pas évoquée jusqu’à présent. Un pod de guerre électronique (et cyber) emporte différents brouilleurs destinés à altérer les signaux des radars adverses, de sorte à les rendre inopérants.

Avec Plus De 300 Rafale Exportés, Le Nouveau Missile Aasf Aura Un Marché Captif Élargi Et En Demande, Face À Lui.

Contrairement au système SPECTRA, dont la fonction est d’assurer l’autodéfense du Rafale lui-même, un pod de brouillage est susceptible d’assurer une défense électronique beaucoup plus étendue, susceptible d’englober d’autres appareils qui, eux, ne seraient pas protégés par le très efficace SPECTRA.

C’est notamment le cas des Mirage 2000D de l’Armée de l’Air et de l’Espace, qui resteront en service jusqu’en 2035, même si les capacités de défense électronique de ces appareils ont été améliorées dans le cadre de la modernisation MLU en cours. C’est aussi le cas d’autres appareils, très vulnérables, comme les drones non furtifs, mais également les avions de soutien, et les hélicoptères.

Les alliés de la France, ainsi que les clients de son industrie aéronautique de défense, eux aussi, opèrent des flottes composées d’appareils non furtifs, et ne disposant pas d’un puissant système d’autoprotection, comme c’est le cas du Rafale.

Dans ce contexte, et nonobstant le problème de production électrique, évoqué dans l’article de 2021, un pod de guerre électronique viendrait très efficacement parfaire la panoplie opérationnelle du Rafale, en particulier pour répondre à la réalité des menaces, observées aujourd’hui.

À ce titre, un partenariat international, dans le cadre du Club Rafale, comme négocié avec les EAU pour le F5 et du drone de combat, pourrait être le parfait support pour un tel développement, afin d’en réduire les couts, tout en étendant le marché potentiel à venir, pour en accroitre la soutenabilité budgétaire.

Conclusion

L’annonce de l’entame des travaux d’étude, pour le développement de la munition antiradiation AASF, dans le cadre du programme Rafale F5 et de son drone de combat, va certainement combler le dernier besoin capacitaire qui manquait au chasseur français.

La Capacité Sead Est Aujourd’hui, Certainement, Une Des Plus Indispensable Dans La Panoplie Opérationelle D’un Avion De Combat.

Outre les besoins des forces aériennes françaises, le missile va, sans aucun doute, rencontrer rapidement un important succès international, sur la base des 300+ Rafale exportés ou commandés à l’export à ce jour.

Et si l’on peut regretter que ce développement ne soit pas accompagné de celui d’un pod de brouillage, il constitue, cependant, un excellent pas capacitaire, pour parfaire la panoplie opérationnelle du Rafale, et des forces aériennes qui le mettent, ou le mettront en œuvre.

Reste que l’annonce de ce développement par le ministère des Armées, moins de trois ans après que celui-ci a rejeté l’hypothèse sans ménagement, parce que venant d’un député de l’opposition, interpelle quant à la manière dont la planification militaire est conçue, et surtout sur la manière dont elle est appliquée, avec un évident dogmatisme politique, surclassant le pragmatisme opérationnel.

Ce raté flagrant devrait appeler le ministère des Armées, à plus d’ouverture dans ce domaine, et certainement à donner à ses opérationnels, une plus grande liberté de parole, y compris face à la présentation nationale, dans un cadre public, spécialement pour ce qui concerne des enjeux capacitaires, pour lesquels ils sont, de manière évidente, les mieux placés pour répondre, et pour expliquer quels sont leurs besoins.

Cela n’obèrerait en rien la portée de l’arbitrage politique et budgétaire, de la responsabilité de l’exécution, dans ce domaine, mais cela tendrait, certainement, à présenter un discours moins faussé, par l’obligation de solidarité imposée aux militaires, lorsqu’il s’agit de commenter la politique défense les concernant.

Article du 24 octobre en version intégrale jusqu’au 6 décembre 2024


Abonnez-vous à Meta-defense.fr !

À partir de 1,99 €, accédez aux articles Meta-defense dans leur intégralité, sans publicité, et profitez des commentaires pour échanger sur les sujets proposés.

BLACK FRIDAY : – 20 % sur les nouveaux abonnements Premium et Classiques mensuels et annuels, avec le code MetaBF2024, jusqu’au 03/12/24


JOIN US AND FOLO

Telegram

Whatsapp channel

Nabd

Twitter

GOOGLE NEWS

tiktok

Facebook

مصدر الخبر
نشر الخبر اول مرة على موقع :meta-defense.fr بتاريخ:2024-11-30 12:19:00
ادارة الموقع لا تتبنى وجهة نظر الكاتب او الخبر المنشور بل يقع على عاتق الناشر الاصلي
تم نشر الخبر مترجم عبر خدمة غوغل

Exit mobile version