Le fer de lance commercial de Dassault a, ainsi, d’ores et déjà dépassé le total des ventes exports du Mirage 2000 de 281 appareils, et vise désormais à faire mieux que le Mirage F1, vendu à 450 exemplaires sur la scène internationale.
Et le Rafale pourrait bien y parvenir. En effet, l’avion français fait face à un marché très porteur dans les dix années à venir, avec un marché adressable atteignant les 324 avions potentiels à l’exportation.
Alors qu’Eric Trappier, le PdG de Dassault Aviation, vient d’annoncer que le groupe reprenait la signature de nouveaux contrats, après avoir réorganisé sa production et sa supply chain, pour produire 2 appareils par mois aujourd’hui, et 3 par mois, en 2025, il est intéressant de se pencher plus précisément sur ces marchés et compétitions à venir, auxquelles le Rafale participe, avec de réelles chances du succès.
24 appareils en Europe : Grèce et Serbie
Traditionnellement, le marché européen a toujours été le marché le plus difficilement adressable par les avions de Dassault aviation. Ainsi, le Mirage III n’avait été acquis que par l’Espagne et la Suisse, le Mirage V par la seule Belgique, le Mirage F1 par l’Espagne, à nouveau, et la Grèce, et le Mirage 2000, uniquement par Athènes.
Jusqu’il y a peu, le Rafale semblait destiné à s’inscrire dans cette même trajectoire, en particulier face au raz de marée F-35, choisi, à ce jour, par 15 des 21 forces aériennes dotées d’une aviation de chasse sur le vieux continent, la Grèce venant d’annoncer la commande de 20 appareils.
Après le Mirage F1 et le Mirage 2000, Athènes et les forces aériennes helléniques, justement, semblaient bien destinés à être le seul utilisateur export du Rafale en Europe, pour 24 appareils commandés à ce jour. Pourtant, celui-ci parvint à s’imposer en Croatie, face au Gripen et F-16V, pour 12 appareils, dont le premier a été livré cette année.
Et la carrière européenne du chasseur français devrait ne pas s’arrêter là. D’abord, avec la Serbie, Belgrade ayant annoncé l’acquisition prochaine de 12 appareils annoncée en avril 2024 par le président Vucic, à l’occasion de la visite officielle du président français dans le pays. (voir mise à jour du 31 août)
Ensuite, à nouveau, en Grèce, Athènes ayant, de longue date, annoncé son intention de se doter d’un second escadron de Rafale, soit 12 chasseurs supplémentaires. La confirmation faite par Olaf Scholz, il y a quelques jours, concernant la probable exportation de 40 Eurofighter Typhoon vers la Turquie, accélèrera très certainement l’exécution de cette troisième commande hellénique.
140 Rafale en Asie : Forces aériennes et Marine indiennes
Le plus important marché adressable dans les dix années à venir, par le Rafale, se situe incontestablement en Asie, alors que le continent a déjà vu l’Inde commander 36 Rafale en 2016, et l’Indonésie, 42 appareils, en 2022.
La plus immédiate des commandes viendra assurément d’Inde, alors que New Delhi finalise un contrat pour acquérir 22 Rafale M et 6 Rafale B, pour la Marine indienne. Tout indique, désormais, que ce contrat, annoncé à l’occasion de la visite officielle du premier ministre indien, Narendra Modi, à Paris, lors des célébrations du 14 juillet 2023, sera officialisé avant la fin de l’année.
C’est aussi en Inde que se négocie, aujourd’hui, le contrat export potentiel le plus important pour le Rafale. En effet, dans le cadre du programme MRCA-2, New Delhi entend fabriquer localement 114 avions de combat modernes, pour remplacer les Jaguar de l’IAF.
Bien qu’opposé à de nombreux autres appareils, dont le F-15EX américain, le Typhoon européen, le Gripen suédois, ou encore le Su-35s russe, le Rafale fait office de favori dans cette compétition, en particulier par l’avance que lui confère le premier contrat de 36 appareils de 2016.
130 chasseurs au Moyen-Orient et en Afrique : Arabie Saoudite, EAU, Qatar, Oman, Égypte
Le Moyen-Orient et l’Afrique ont été, traditionnellement, le marché porteur pour Dassault Aviation. Ainsi, outre le Qatar et les EAU, des pays comme l’Égypte, la Libye, le Maroc, l’Irak, ou l’Afrique du Sud, ont été des clients majeurs des Mirage français dans les années 70 et 80.
C’est également le cas, aujourd’hui, pour le Rafale. L’Égypte a été le premier client export du chasseur français en 2015, pour 24 appareils, suivi, peu de temps après, par le Qatar, également pour 24 avions. Depuis, les commandes se sont succédé, pour amener le parc qatari à 36 Rafale, et la flotte égyptienne à 54 appareils.
Il y a deux ans, les Émirats arabes unis devinrent le plus important client historique de Dassault aviation, et au passage, de toute la BITD française, avec une commande de 80 Rafale F4 pour 14 Md€.
Ce marché moyen-oriental et africain est, semble-t-il, loin de devoir se tarir. Ainsi, Dassault est aujourd’hui en discussion avec l’Arabie Saoudite, pour 54 chasseurs. Dassault aviation se montre, comme toujours, très discret au sujet de ses négociations en cours. Toutefois, l’annonce de l’accord donné par Berlin pour à nouveau, livrer des Eurofighter Typhoon vers le Royaume, ne semble pas avoir mis fin aux discussions avec Ryad.
Le Caire prévoit, pour sa part, d’accroitre sa flotte de Rafale à 80 appareils, contre 54 aujourd’hui. Néanmoins, l’Égypte ne prévoit d’acquérir les exemplaires supplémentaires, que d’ici à quelques années, le temps, pour le pays, de reconstituer certaines réserves budgétaires.
Comme l’Égypte, le Qatar serait en négociation, pour une troisième commande de Rafale, en application de l’option sur 12 appareils attachée à la précédente commande. De même, récemment, une information a émergé concernant une possible commande supplémentaire de Rafale venant des Émirats arabes unis.
En effet, le pays étant plus que jamais éloigné de la possibilité d’acquérir des F-35A américains pour remplacer ses 80 F-16, Abu Dhabi semble considérer une commande d’un escadron de Rafale supplémentaire, soit 20 appareils, et peut-être davantage.
Enfin, il y a quelques mois, des informations ont indiqué que le Sultanat d’Oman, s’intéressait de près au Rafale, et envisagerait d’acquérir 12 à 18 appareils, dans les années à venir.
30 avions de combat en Amérique du Sud : Colombie et Pérou
Pour terminer, deux pays sud-américains, pourraient prochainement commander le chasseur français. Le premier est la Colombie, qui doit, à présent, remplacer très rapidement ses Kfir C10 par 18 appareils neufs, après qu’une brouille entre le président Petro et l’ambassadeur israélien en Colombie, a amené Bogotá à annuler plusieurs contrats d’armements avec le pays, dont celui qui permettait la maintenance de ses chasseurs.
Le second pays sud-américain, qui pourrait sous peu commander des Rafale, est le Pérou, qui doit à présent remplacer ses Mirage 2000. Ainsi, Lima envisagerait une commande de 12 Rafale pour remplacer ses 11 Mirage 2000P, ainsi qu’une coopération industrielle avec la Corée du Sud, pour se doter de KF-21 Boramae, pour remplacer ses Mig-29 et Su-25.
Un marché complémentaire, mais plus disputé, de 250 appareils supplémentaires d’ici à 2040
Au total, donc, ce sont pas moins de 324 Rafale supplémentaires qui pourraient être commandés à l’exportation, dans les années à venir. Bien évidemment, il est possible que certains de ces contrats échappent à Dassault Aviation. Cependant, il est désormais plus que probable que d’ici à 2035, le Rafale aura dépassé les 450 exemplaires exportés du Mirage F1, et pourrait même venir flirter avec les scores d’exportation des Mirage III et V.
Ce, surtout que d’autres compétitions pourraient apparaitre dans un futur plus ou moins proche. Ainsi, en Afrique et au Moyen-Orient, l’Irak a déjà indiqué son intérêt pour le chasseur de Dassault, alors que le Maroc devra remplacer ses Mirage F1.
En Amérique du Sud, le Chili va devoir remplacer ses F5 et ses F16, alors que l’Équateur devra faire de-même concernant ses Atlas Cheetah sud-africains.
En Asie, La Malaisie veut durcir sa flotte de chasse, alors que l’Indonésie pourrait bien commander des Rafale supplémentaires, alors que Jakarta veut se doter d’une flotte de chasse de 177 appareils dans les années à venir.
Même en Europe, le Rafale pourrait trouver de nouveaux débouchés, en dépit de l’omniprésence du F-35. Ainsi, la Bulgarie et l’Autriche, n’ont toujours pas statué en matière de modernisation de leurs flottes de chasse. En outre, certains pays, comme la Belgique, s’étant initialement équipés du F-35A, pourraient voir un certain intérêt à se tourner vers le Rafale, en flotte complémentaire, tant pour diversifier leur flotte, que pour se rapprocher de l’industrie aéronautique de défense française, dans le cadre des programmes à venir, alors que leurs budgets défense sont appelés à croitre pour respecter les critères de l’OTAN.
Au total, ce pourrait être jusqu’à 250 appareils supplémentaires, qui pourraient être adressables par Dassault Aviation et le Rafale, d’ici à 2035, même si le taux d’incertitude les concernant est beaucoup plus élevé qu’au sujet des pays précédemment évoqués, notamment du fait de la présence du F-35A américain, sur certains de ces marchés.
Chaque Rafale exporté rapportera 150 m€ aux caisses de l’État, et plus de 300 m€ à la balance commerciale française.
Ce potentiel export, représenté par le Rafale aujourd’hui, constitue un enjeu majeur et stratégique pour Dassault et la Team Rafale, qui pourraient renouveler la prise de marché qui fut celle du Mirage III/V, et qui permit à l’industrie aéronautique de défense française de rester un acteur majeur de la scène internationale, pendant plus de 50 ans.
Rappelons, en effet, qu’il existe une évidente relation entre le choix d’un avion de combat, et le fait d’avoir utilisé un avion venant du même constructeur, précédemment. Ainsi, sur les 8 pays utilisateurs du Mirage 2000, 5 ont déjà commandé le Rafale (Égypte, Émirats arabes unis, Grèce, Inde, Qatar), et un sixième semble suivre la même trajectoire (Pérou).
Dès lors, en étendant le nombre de pays utilisateurs du Rafale, Dassault sécurise son avenir, et avec lui, celui de l’industrie aéronautique militaire française, pour plusieurs décennies, sans même parler des revenus récurrents générés par l’entretien et la modernisation des appareils vendus.
Dans le même temps, ce succès est une véritable aubaine pour le budget de l’État. En effet, un unique Rafale exporté rapportera, sur l’ensemble de sa durée de vie, de 300 à 400 m€ de recettes pour les industries françaises, recettes qui s’inscrivent directement dans la balance commerciale française, qui en a bien besoin aujourd’hui.
Chaque appareil va surtout générer, sur l’ensemble de sa vie opérationnelle, de 120 à 160 m€ de recettes fiscales et sociales, venant directement équilibrer les comptes publics. Ainsi, si les ventes exports de Rafale atteignent les 500 exemplaires, celles-ci rapporteront, au budget de l’État français, 75 Md€ (2024), sur l’ensemble de la durée des appareils.
Conclusion
Les neuf dernières années, après la première commande égyptienne, ont été des plus spectaculaires pour le Rafale, comme pour Dassault Aviation. Après 15 années d’échecs commerciaux et de doutes, le chasseur français s’est, soudainement, transformé en véritable succès international, permettant à l’industrie de défense française, de se classer sur la seconde marche du podium du marché international de l’armement.
Comme nous venons de le voir, ces 9 dernières années folles, ayant permis à Dassault Aviation de vendre plus de 300 Rafale sur la scène internationale, pourraient bien être suivies par neuf autres années, tout aussi soutenues, avec, là encore, un potentiel d’exportation similaire. On ne peut qu’espérer, aujourd’hui, que les incertitudes politiques dans le pays, ne viennent pas faire dérailler cette trajectoire aussi prometteuse.
Mise à jour du 31 août 2024 : depuis la rédaction de cet article, la Serbie a officiellement commandé 12 avions rafale, neuf monoplaces et trois bis place, auprès de la France, à l’occasion de la visite officielle du président Emmanuel Macron à Belgrade.
Article du 25 juillet, en version intégrale jusqu’au 6 septembre 2024
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نشر الخبر اول مرة على موقع :meta-defense.fr بتاريخ:2024-08-31 16:09:31
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