L’inde n’ayant pas, à proprement parler, d’ambitions en matière de projection de forces, et n’étant pas engagée dans des alliances contraignantes, on pourrait penser qu’un tel format s’avèrerait suffisant pour assurer la défense du pays et de ses frontières.
Pourtant, depuis le retrait des Mig-27 en 2019, puis des derniers Mig-21, cette année, l’IAF ne cesse de réclamer davantage d’avions de chasse, avançant que les 31 escadrons de chasse actuels, sont insuffisants pour accomplir efficacement ses missions, et qu’il en faudrait 42, pour cela.
Il y a quelques jours, le nouveau chef d’état-major de l’Indian Air Force, l’Air Chief Marshal Amar Preet Singh, a même précisé, peu de temps après sa prise de commandement, que l’objectif de 42 escadrons de chasse, devrait probablement être revu à la hausse, étant donné l’évolution des menaces.
Peut-on, aujourd’hui, évaluer, de manière rationnelle, les besoins exacts de l’IAF, en matière d’avions de combat et d’escadrons de chasse ? Quels modèles d’appareils répondraient aux mieux aux besoins de New Delhi ? Et ce déficit, s’il est avéré, touche-t-il également d’autres moyens de l’Indian Air Force ?
L’Indian Air Force aligne aujourd’hui la 5ᵉ flotte de chasse de la planète
Avec 140.000 militaires d’active, et autant de réservistes, l’Indian Air Force est une des plus imposantes forces aériennes de la planète. Elle met en œuvre, aujourd’hui, un peu moins de 2000 aéronefs, dont 600 avions de combat.
Le principal avion de combat indien, est le Su-30MKI, un chasseur lourd polyvalent de conception russe, acquis par New Delhi à 272 exemplaires en 2000, et livré à partir de 2004. Majoritairement assemblés en Inde par HAL, ces appareils emportent de nombreux systèmes, armements et équipements indiens et occidentaux modernes.
La seconde flotte, en nombre, se compose de 115 SEPECAT Jaguar, un avion d’attaque franco-britannique, vendu à New Delhi par Londres à la fin des années 70. Désormais obsolète, il doit être prochainement retiré du service pour être remplacé, notamment, par le vainqueur de la compétition MRCA 2.
L’IAF met également en œuvre une soixantaine de MIG-29, dont douze en version modernisée UPG, et une quarantaine de MIG-21, devant être retirés du service d’ici à 2025.
Bien qu’entré en service au milieu des années 80, la quarantaine de Mirage 2000 encore en service, plus dix biplaces d’entrainement, continuent de jouer un rôle important dans la défense aérienne du pays. À l’instar des M2000-5 grecs, les avions indiens emportent le radar RDY, et disposent de capacités air-sol, en plus des capacités d’interception du -5, avec ses missiles MICA.
L’excellente tenue des Mirage 2000 au sein de l’IAF, y compris au combat, lors de la guerre du Kargil de 1999, a certainement été un argument majeur ayant amené New Delhi à commander 36 avions Rafale français, en 2016, après l’échec du programme MMRCA, remporté pourtant par l’appareil.
Le chasseur français est aujourd’hui l’appareil le plus moderne et performant de la flotte de combat indienne. Il est, à ce titre, employé de manière intensive par l’IAF, y compris pour assurer les missions de dissuasion, en transportant la bombe atomique indienne.
Il dispose, lui aussi, de plusieurs équipements venus d’autres pays que la France, comme un viseur à casque et un leurre tracté israéliens, et des munitions françaises, israéliennes et indiennes. Avec le radar RBE-2, le système d’autodéfense Spectra, et les missiles MICA et Meteor, c’est en outre l’appareil le plus apte à s’opposer aux J-20 chinois, dans l’arsenal indien.
Enfin, l’IAF aligne une trentaine de chasseurs légers HAL Tejas Mk.1, un appareil aux performances limitées, et doit recevoir, dans les années à venir, 172 Tejas Mk.1A, disposant de meilleures capacités opérationnelles.
Évoluant dans la même gamme d’appareils que le JF-17 sino-pakistanais, ou que le FA-50 sud-coréen, le Tejas Mk.1A dispose d’une avionique moderne et de performances honorables en termes de vitesse et de plafond. Toutefois, comme ses concurrents, sa faible capacité d’emport de 4 tonnes, et son rayon d’action inférieur à 500 nautiques, en restreignent le potentiel opérationnel, et le désignent à des missions de défense aérienne exclusivement dans le ciel indien, et de soutien aérien rapproché sur la seule ligne d’engagement.
Les menaces contre lesquelles les avions de combat indiens doivent protéger le pays
L’Inde n’étant pas un pays particulièrement exposé hors de son territoire national, les seules menaces auxquelles le pays, et ses forces aériennes, doivent faire face, sont positionnées à ses frontières.
L’Inde partage ses frontières terrestres avec sept pays : Bangladesh, Bhoutan, Chine, Myanmar, Népal, Pakistan et Afghanistan (l’inde considère que le Cachemire est indien dans son ensemble, alors que le Cachemire pakistanais a une frontière commune avec l’Afghanistan), et ses frontières maritimes avec trois d’entre eux (Bangladesh, Myanmar et Pakistan) et quatre autres (Indonésie, Sri Lanka, Thaïlande et Maldives).
S’il a existé des tensions avec certains de ses voisins, ce sont toutefois les tensions avec le Pakistan, d’une part, et la Chine, d’autre part, qui représentent l’essentiel de la menace militaire à laquelle New Delhi, et l’Indian Air Force, doivent faire face à présent.
Les forces aériennes pakistanaises, en plein renouveau avec le soutien de Pékin
Depuis l’indépendance de 1947, et la formation de l’Inde et du Pakistan, les forces armées des deux pays se sont déjà affrontées lors de 4 guerres en 1947, 1965, 1971 et 1999. Celles-ci prirent naissance dans la partition des Indes britanniques, et en particulier, dans le choix donné aux principautés autonomes du Cachemire et de Jammu, de choisir leur pays de rattachement.
Bien que beaucoup moins peuplé (238 m vs 1,450 m d’habitants), et bien moins riche (380 Md$ vs 3450 Md$ de PIB), le Pakistan dispose d’une très puissante force armée, représentant, en moyenne, 50 % des forces armées indiennes, en volume, en dépit d’un budget défense très inférieur, 11 Md$, contre 75 Md$ pour l’Inde.
Dans beaucoup de domaines, on constate, en effet, un écart important entre les moyens à disposition des armées pakistanaises et indiennes, en faveur de ces dernières. Ce n’est toutefois pas le cas, pour ce qui concerne les forces aériennes, et plus particulièrement, la flotte de chasse.
En effet, Islamabad aligne, aujourd’hui, près de 500 avions de combat, dont 85 F-16 américains, une centaine de Mirage III et autant de Mirage V, ainsi que 60 F-7, version chinoise du Mig-21.
Au-delà de ces appareils datés, les forces aériennes pakistanaises mettent surtout en œuvre plus de 150 JF-17, un chasseur léger monomoteur codéveloppé avec la Chine, affichant, comme, le Tejas MK.1A, des performances plus qu’honorables pour un appareil aussi légers et économiques. Il dispose, en outre, d’une avionique moderne, lui permettant de mettre en œuvre des munitions avancées chinoises, y compris les missiles air-air à longue portée PL-15, se voulant l’équivalent du Meteor européen.
Plus récemment, Pékin a autorisé la vente au Pakistan de 36 J-10CE, la réponse chinoise au F-16. Bien que, lui aussi, monomoteur, le J-10C est un chasseur d’un tout autre gabarit que le JF-17, le plaçant dans la catégorie des chasseurs monomoteurs à hautes performances, comme le F-16 ou le Mirage 2000. Il dispose, en outre, d’un équipement très moderne et puissant, et d’une capacité d’emport de 5,6 tonnes. Son rayon d’action de combat, cependant, demeure limité à 500 nautiques.
Les forces aériennes de l’Armée Populaire de Libération, un adversaire à la supériorité écrasante
À l’est de l’Inde, se trouve la désormais très puissante Force aérienne de l’Armée Populaire de Libération (APL), et ses presque 2200 avions de combat. Si, jusqu’au début des années 2000, celle-ci était très majoritairement équipée d’appareils affichant un important retard technologique et capacitaire sur les appareils américains, européens et même russes, celle-ci a fait des progrès fulgurants, ces 25 dernières années, au point d’être devenue l’obsession de la surpuissante US Air Force.
L’APL aligne, aujourd’hui, un peu moins de 2200 avions de combat, dont les deux tiers (1500 appareils) sont des chasseurs modernes de 4ᵉ génération tels les J-10 (800 app), J-11 (380) et J-16 (250), tous disposant de performances et d’équipements avancés, et notamment de radars AESA, de systèmes de guerre électronique d’autoprotection, et d’une vaste panoplie de munitions ; ainsi que d’une centaine de Su-30 et Su-35, acquis auprès de la Russie.
À ceci s’ajoutent, à présent, 300 J-20, le chasseur lourd furtif de 5ᵉ génération chinois, lui aussi très bien équipé, et disposant d’une vaste panoplie d’armements et de systèmes embarqués. Le reste de la flotte, environ 300 appareils, est composé d’appareils plus anciens, dont 170 chasseurs bombardiers JH-7, et une centaine d’intercepteurs J-8, bientôt remplacés par des J-20.
De fait, non seulement la flotte de chasse chinoise est-elle plus de trois fois plus volumineuse que l’indienne, mais elle aligne, en outre, des appareils souvent plus modernes ou plus performants que la majorité de ceux en service en Inde.
Quel scénario doit être privilégié pour dimensionner, au plus juste, l’Indian Air Force ?
Pour autant, les risques d’une confrontation directe et massive entre la Chine et l’Inde, sont assez peu probables. Par ses positions sur la scène internationale, Pékin aurait beaucoup de mal à justifier une campagne militaire d’importance pour s’emparer des plateaux tibétains et himalayens, alors que, même surclassée numériquement, l’IAF infligerait de très lourdes pertes aux forces aériennes chinoises, ce qui pourrait retarder les ambitions de Pékin, notamment contre Taïwan.
En revanche, un nouvel affrontement entre l’Inde et le Pakistan, est d’autant plus possible que les tensions internationales rendront difficiles l’application de vastes sanctions internationales contre Islamabad, alors que le Pakistan est désormais le premier partenaire militaire et politique de la Chine, peu susceptible de s’opposer à un tel conflit.
En effet, les trajectoires économiques et démographiques comparées de l’Inde et de la Chine, ne sont pas en faveur de Pékin à moyen terme, surtout si New Delhi prend peu à peu la place de son voisin, en tant qu’atelier industriel de l’Occident.
Dès lors, à compter de 2050, peut-être même de 2040, l’Inde sera en mesure de directement menacer la suprématie chinoise dans la sphère asiatique, tout en ayant des relations bien plus apaisées avec les États-Unis et l’Europe.
Dès lors, si la Chine ne prendra pas le risque de s’engager militairement contre l’Inde, en première intention, on peut aisément envisager que l’APL profiterait d’un nouveau conflit indo-pakistanais, pour faire main baisse sur les haut-plateaux et une partie du nord du pays, pouvant même faire ainsi jonction avec les prises territoriales dans le Cachemire visées par Islamabad, affaiblissant pour longtemps l’Inde, sa puissance économique et militaire, et peut-être, même, sa suprématie démographique.
Une menace pakistanaise appuyée par l’APL sur les espaces contestés dans l’Himalaya
Dans cette hypothèse, cependant, il est très improbable que Pékin emploierait toute sa puissance militaire. Elle devrait, en effet, conserver au moins un quart de sa puissance aérienne, en réserve, pour assurer la défense du ciel chinois.
En outre, on imagine mal qu’elle puisse se dessaisir de moins de la moitié de cette même flotte de chasse, employée pour maintenir la pression contre Taïwan, et se saisir d’une opportunité, si elle apparaissait, et surtout pour empêcher les États-Unis de se déployer sur l’ile, après avoir observé un important allégement du dispositif chinois.
De fait, on peut penser, dans le cas d’un nouvel affrontement indo-pakistanais, que l’APL ne consacrerait pas plus de 25 % de ses moyens, pour ouvrir un second front himalayen, obligeant ainsi les armées indiennes à diviser leurs forces.
Ce d’autant que ces 25 % suffisent à conférer un avantage considérable à l’alliance de fait sino-pakistanaise, sachant que New Delhi ne disposera, dans les faits, d’aucun allié prêt à s’impliquer dans ce conflit à ses côtés, pour rétablir l’équilibre : la Russie n’ira pas contre Pékin ; les États-Unis ne sont jamais intervenus au profit d’un allié dans un conflit face à une puissance militaire majeure ; et l’Europe, France comprise, n’en ayant tout simplement plus les moyens.
Il manquerait 450 avions de combat à l’IAF face à la menace combinée sino-pakistanaise
Il ne restera donc plus aux armées indiennes, qu’à compter sur elles-mêmes pour se défendre simultanément sur ces deux fronts. Concernant l’IAF, elle devra affronter, simultanément, l’ensemble de la flotte de chasse pakistanaise, soit 500 appareils, et le quart de la flotte de chasse chinoise, soit 550 appareils.
Avec ses 600 appareils aujourd’hui en lice, sachant que le programme MRCA 2, vise à remplacer le retrait des 115 Jaguar, et que les 40 MIG-21 encore en service, seront retirés en 2025, et remplacés par les Tejas Mk.1A à livrer, ce nombre n’est pas appelé à évoluer positivement de manière significative dans les quelques années à venir.
Dès lors, pour être à parité, il manque, aujourd’hui, 1000-600 = 400 avions de combat modernes aux forces aériennes indiennes, pour être en mesure de contenir, avec efficacité, un double front sino-pakistanais, dont au moins 250 appareils de génération intermédiaire, comme le Rafale ou le Typhoon, pour compenser les avancées technologiques chinoises prévisibles, avec le J20, le J-35 et les évolutions du J-16.
À raison de 18 appareils par escadrons, il manque donc 24 escadrons de chasse à l’IAF, au-delà des 31 actuellement en service, pour un total de 55 escadrons, bien loin, en effet, des 42 escadrons de chasse visés jusqu’il y a peu, d’autant que ce décompte ne tient pas compte de la menace que représentent les quelque 200 bombardiers stratégiques H-6N chinois, dont il faudra se prémunir, ni les appareils de chasse indiens, prélevés sur la flotte tactique, pour assurer les missions stratégiques.
Les flottes d’avions d’alerte aérienne avancée, d’écoute électronique et de tanker, sont également sous-dimensionnées
En appliquant le même modèle au reste de la flotte de l’IAF, on constate que la chasse indienne n’est pas la seule à être sous-dimensionnée pour faire face aux forces sino-pakistanaises.
C’est notamment le cas des six Awacs indiens, trois A-50 russes et trois R-99 brésiliens, largement surpassés par les 9 Saab-2000 Erieye pakistanais, et par la trentaine de KJ-200/500/2000 chinois, faisant apparaitre un déficit minimum de 10 appareils de ce type pour surveiller le ciel indien.
Il en va de même des 6 avions de renseignement électronique SIGINT (-5 appareils), et des 6 Il-78 de ravitaillement en vol (-4). À noter que les avions de soutien (Tanker, Awacs et SIGINT), agissant comme des multiplicateurs de forces, sont les plus à même d’apporter un rapport de force positif sur la base d’une flotte de chasse équipotentielle.
En outre, Pékin produit d’importants efforts pour enrichir et moderniser rapidement cette même flotte de soutien, au point qu’en 2030, il est probable que cette flotte chinoise sera double de ce qu’elle est aujourd’hui, peut-être même davantage.
Quels appareils et sur quels calendriers pour répondre aux besoins de l’IAF
Pour l’heure, l’Indian Air Force est engagée dans deux programmes à court terme, et un programme à moyen terme, pour moderniser sa flotte de chasse. Ainsi, les quelque 160 Tejas Mk.1A, devant être livrés dans les 8 à 10 années à venir, doivent permettre de remplacer les Mig-27 et Mig-21 déjà retirés du service, alors que les 114 avions de combat du programme MRCA 2, doivent remplacer les Jaguar, et, probablement, les Mirage 2000 indiens, ces derniers devant être retirés du service d’ici à 2035. Quant au programme AMCA (Advanced Medium Combat Aircraft), il doit permettre de remplacer les Su-30MKi à partir de 2040.
En d’autres termes, il n’existe, à ce jour, aucun véritable programme qui permettrait d’accroitre le format de la chasse indienne. Au contraire, sachant qu’il fallut plus de 20 ans pour produire le Tejas Mk.1, un appareil bien plus simple que l’AMCA, on peut douter du respect du calendrier avancé par HAL dans ce domaine.
L’hypothèse, parfois avancée, par New Delhi, repose sur l’arrivée du Tejas Mk.2, un appareil plus lourd et plus performant que le Mk.1, qui volerait dans la catégorie du M-2000 et du F-16, mais dont aucun prototype ne vole à ce jour. Toutefois, comme concernant l’AMCA, on peut s’interroger sur la pertinence, pour New Delhi, de parier son avenir, à court ou moyen terme, sur des calendriers aussi hypothétiques, et sur des performances qui restent à démontrer, autour du programme Tejas en général.
Pour autant, New Delhi n’est pas sans option. La première, et la plus évidente, serait d’étendre le programme MRCA, pour porter sur 222 (12 escadrons+6), voire 294 appareils (16 escadrons + 6). Ceci permettrait de rapidement réduire l’écart avec les forces de l’alliance sino-pakistanaise, tout en prenant un avantage dissuasif sur les forces aériennes pakistanaises, elles-mêmes.
Aujourd’hui, deux modèles semblent avoir la préférence de New Delhi dans ce programme : le F-21 de Lockheed Martin, et le Rafale français. Toutefois, pour faire face à la menace chinoise, le Rafale devrait s’imposer pour l’IAF. Non seulement l’appareil est plus performant, emporte davantage et va plus loin, que le F-16V renommé par LM pour des raisons légales, mais le chasseur français, dans sa version F4.2, pourra évoluer vers la version F5, pour mettre en œuvre drones et loyal Wingmen, ce dont le F-21 sera dépourvu.
Au-delà de ces quelque 100 ou 200 appareils supplémentaires, New Delhi pourrait se tourner vers Moscou pour acquérir une centaine de Su-35s ou, mieux, de Su-57e. Non seulement ces appareils sont très capables, surtout s’il est possible d’y intégrer certains composants occidentaux, comme ce fut le cas pour les Su-30MKI, mais leur acquisition, qui ne saurait être refusée par Moscou, créerait une divergence entre Pékin et le Kremlin, ce qui pourrait largement profiter à l’Inde, qui pourrait ainsi retrouver un allié de poids, jusqu’ici phagocyté par Pékin.
Cela permettrait, par ailleurs, à New Delhi de préserver son positionnement non-aligné, mis à mal, aujourd’hui, par la radicalisation de l’axe Pékin-Moscou, obligeant New Delhi à un rapprochement marqué avec les États-Unis, ce qui ne fait, au final, qu’accroitre les frictions entre l’Inde et la Chine.
Enfin, et il ne faut pas le négliger, une telle approche permettrait à New Delhi de négocier le soutien de Paris et Moscou, et de leurs industries de défense respectives, pour développer rapidement le programme AMCA, et peut-être aussi, le programme TEDBF de l’Indian Navy, sur des délais courts visant une entrée en service en 2035, avec l’objectif d’atteindre, à cette échéance, une autonomie flirtant avec les 80%, pour la conception des avions de combat, y compris dans certains domaines clés, comme les turboréacteurs.
Conclusion
On le voit, bien que disposant d’une force aérienne puissante et bien équipée, l’Inde est loin d’être dans une position confortable, face à une alliance sino-pakistanaise qui ne fait que se renforcer, et qui risque bien, à terme, de se transformer en alliance militaire, pour saisir le nord et le nord-est du pays.
Dans une telle hypothèse, la flotte de chasse indienne serait alors largement surclassée par le nombre, au risque que cette faiblesse, évidente, vienne aiguiser les appétits d’Islamabad et de Pékin, dans les années à venir.
Pour neutraliser cette menace, l’IAF devrait, sur des délais courts, étendre massivement sa flotte de chasse, pour passer de 600 avions de combat, aujourd’hui, à un millier d’appareils, soit 400 chasseurs supplémentaires à produire sur des délais les plus courts possibles.
Plusieurs alternatives s’offrent à New Delhi, pour y parvenir. Certaines sont douteuses en termes de calendrier (Tejas Mk2, AMCA), d’autres sont plus réalistes, mais également plus onéreuses, au travers d’une extension du programme MRCA 2, voire une commande directe de Su-35s/57e, à la Russie.
Pour autant, ce surcout, dans les dix ans à venir, sera très certainement compensé par les recettes fiscales engendrées par la croissance indienne très soutenue, entre 5 et 6 % par an, qui lui permettra de doubler son budget défense d’ici à 2035, à effort de défense constant.
Étant donné l’exposition indienne qui résulte de la faiblesse relative de sa chasse, et de ses avions de soutien (tanker, Awacs, SIGINT), et même si d’autres familles d’équipements des armées, méritent, elles aussi, des investissements massifs et rapides (artillerie autotractée, VCI, sous-marins), le ministère de la Défense indien dispose, certainement, d’une trajectoire budgétaire permettant de relever ces défis.
Reste à voir à quel point, le gouvernement indien, et l’ensemble de la classe politique et de l’intelligentzia des grandes familles industrielles du pays, sauront mettre leurs ambitions de côté, face à la réalité des menaces qui pèsent sur le pays, pour donner corps à ces programmes, aussi vitaux qu’urgents, désormais.
Article du 8 octobre en version intégrale jusqu’au 16 novembre
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