اخبار مترجمة :Face à la Chine, l’US Navy reporte ses futurs programmes pour privilégier le court terme
L’échéance de 2027, fixée initialement par l’amiral Phil Davidson en 2021, concernant la zone probable de conflit avec Pékin, se rapprochant, la pression monte sur l’US Navy, qui doit répondre au défi aussi bien militaire qu’industriel posé par l’Armée populaire de libération et sa Marine, qui reçoit une dizaine de grands navires de surface combattants et deux sous-marins chaque année.
Alors que la construction navale américaine rencontre toujours d’importantes difficultés, et que la planification de l’US Navy se relève à peine d’une période de chaos intense, celle-ci doit, désormais, faire des choix. C’est précisément ce qu’elle a fait, en privilégiant la production navale à court terme, et en reportant la plupart des grands programmes à moyen terme comme F/A-XX, SSN(x) ou DDG(x).
La menace de blocus chinois de Taïwan nécessite une flotte massive et disponible d’ici à 2027.
Depuis l’annonce de l’amiral Phil Davidson, alors commandant du théâtre pacifique, au sujet de la possible confrontation entre les États-Unis et la Chine, à partir de 2027, les analystes du Pentagone ont surtout confirmé les craintes exprimées alors par l’officier général américain.
Ainsi, dès 2022, le Chief Naval Officer, ou CNO, l’amiral Gilday, l’équivalent du chef d’état-major pour la Marine américaine, avait indiqué que le Pentagone travaillait activement, et principalement, sur les scénarios l’opposant la Marine chinoise autour de Taïwan, à partir de 2027.
En 2023, c’était au tour de l’amiral John Aquilino, le successeur de l’amiral Davidson à la tête de l’U.S. Indo-Pacific Command (INDOPACOM), de dresser un tableau des plus inquiétants concernant la montée en puissance des moyens navals et aériens chinois, conçus, selon lui, pour prendre l’ascendant sur les forces américaines d’ici à 2027, autour de Taïwan, dans le cadre de la nouvelle planification quinquennale chinoise.
Ces inquiétudes et rapports alarmants, ont trouvé leur écho dans la conception du budget 2025 du Pentagone. En effet, dans celui-ci, les armées américaines, en particulier l’US Navy, semblaient donner la priorité à l’augmentation de la résilience des forces américaines déployées dans le Pacifique, mais aussi dans l’évolution de l’outil industriel, précisément pour soutenir ce conflit potentiel, jugé de plus en plus inévitable, par le Pentagone.
Reports en série concernant les grands programmes structurants de l’US Navy
Ces efforts en faveur des capacités immédiates et à court terme, dans le budget 2025, et au-delà, ont dû faire l’objet d’arbitrages budgétaires, les moyens de l’US Navy n’ayant pas évolué en proportion.
Et ce sont, visiblement, les grands programmes structurants, devant entrer en service, jusqu’ici, entre 2030 et 2040, qui en font les frais. Tous, en effet, ont vu leurs ambitions reportées ou retardées, pour libérer des moyens budgétaires afin de financer le durcissement des infrastructures dans le Pacifique, à Guam notamment.
Surtout, il s’agit de financer en partie la transformation indispensable de l’industrie navale de défense US, aujourd’hui en perte évidente de compétences et de savoir-faire, si pas technologiques, en tout cas industrielles.
SSN(x), le remplaçant des sous-marins nucléaires d’attaque classe Virginia, reporté à 2040
Pour faire face à l’immense flotte de surface combattante susceptible d’être déployée par la Marine chinoise dans l’hypothèse d’un blocus de Taïwan, hypothèse la plus probable désormais, concernant une action militaire contre l’ile indépendante, l’US Navy entend, avant tout, s’appuyer sur sa flotte de sous-marins nucléaires d’attaque.
Rapides, discrets et très efficaces, ces navires peuvent, en effet, libérer certains espaces pouvant permettre aux groupes de porte-avions américains, et leurs escortes de destroyers et frégates, de venir appuyer les défenses de l’ile, notamment face aux forces aériennes chinoises, elles aussi en progression très rapide.
Aujourd’hui, l’US Navy a déjà remplacé la moitié de sa flotte de sous-marins nucléaires d’attaque classe Los Angeles, par les navires de la classe Virginia. Toutefois, ces SSN, s’ils sont discrets et remarquablement armés, sont plus lents que les Sea Wolf, les seuls véritables Hunter Killer de la flotte sous-marine US.
C’est précisément pour reprendre une avance opérationnelle et technologique très nette, dans ce domaine, que l’US Navy avait lancé, en 2014, les travaux préliminaires pour la conception d’une nouvelle classe baptisée SSN(x).
Devant entrer en service à partir de 2034, ces sous-marins doivent être dotés de performances et d’une discrétion accrues en comparaison des Virginia, pour engager les sous-marins et les navires adverses, alors que les Virginia et leurs Payload Modules, armés de missiles de croisière et hypersoniques, auront la charge de mener les frappes vers la terre.
Quoi qu’il en soit, le programme SSN(x) est désormais repoussé au-delà de 2040, dans la planification de l’US Navy, tant pour économiser les crédits immédiats de R&D, par ailleurs employés, que pour donner une planification plus stable aux chantiers navals américains, qui vont devoir passer, dans les années à venir, à plus de 3,5 sous-marins par an, soit 1 SSBN classe Columbia, deux SSN Virginia pour l’US Navy, et 0,5 SSN Virginia, pour l’Australie.
Et pour cause, le prix d’un SSN(x), aujourd’hui, est estimé à 7,2 Md$, soit deux fois le prix d’un Virginia Bloc IV. Alors que l’US Navy fait reposer toute sa stratégie dissuasive vis-à-vis de la Marine chinoise, sur sa flotte de SNA, se tourner vers le SSN(x), alors que les Virginia auront encore une importante plus-value sur les sous-marins chinois pour de nombreuses années, n’aurait, évidemment, aucun sens, alors qu’il faut privilégier, de manière évidente, la masse.
Le programme DDG(x) retardé et menacé d’annulation
Devant initialement entrer en service à la fin de la décennie 2020, le programme de nouveaux destroyers DDG(x) de l’US Navy, avait déjà, ces dernières années, subi plusieurs reports, de sorte qu’aujourd’hui, la construction du premier navire ne doit pas débuter avant 2032, pour une entrée en service à la fin de la décennie, soit avec 10 ans de retard.
Là encore, la décision reposait sur des questions d’optimisation de l’outil industriel, qui doit produire 1,5, voire deux nouveaux destroyers Arleigh Burke Block III par an, dans les années à venir, un navire parfaitement à niveau pour efficacement escorter les capital ships, porte-avions et navires amphibies, de l’US Navy.
Comme pour les SSN(x), des questions budgétaires s’imposent également, le DDG(x) s’avérant, aux dernières estimations, presque 50 % plus cher que les Arleigh Burke Flight III, à 3,4 Md$ l’unité, pour un nombre identique de silos de missile.
Toutefois, un récent rapport du CBO, l’organisme d’audit du Congrès, s’est montré particulièrement critique sur le pilotage de ce programme, et plus particulièrement, sur le fait que comme Zumwalt et LCS, celui-ci semble construit autour de technologies sans maturité suffisante, comme les armes à énergie dirigée.
De fait, une épée de Damoclès pèse à présent au-dessus de ce programme, qui pourrait bien, comme nous l’avions titré il y a quelques jours, subir le même destin que le programme CG(x) des années 2000, censé remplacer les croiseurs Ticonderoga, et abandonné avant même d’avoir vécu.
Le financement du chasseur F/A-XX étalé dans sans les années à venir
Il y a un peu plus d’un an, l’US Navy avait reconnu qu’il lui serait impossible, dans les perspectives budgétaires existantes, de mener simultanément ses trois grands programmes SSN(x), DDG(x) et F/A-XX, sachant que les programmes de sous-marins nucléaires balistiques SSBN de la classe Columbia, les porte-avions de la classe Ford, et les frégates FFG(x) de la classe Constellation, étaient, quant à eux, déjà lancés.
Elle avait, alors, donné la priorité au programme F/A-XX, également nommé Next-Generation Air Dominance, ou NGAD, bien qu’il soit sans lien avec le programme NGAD de l’US Air Force.
Le nouveau chasseur embarqué à bord des porte-avions de l’US Navy, devait remplacer les F/A-18 E/F Super Hornet, à partir du milieu des années 2030, alors que l’US Navy avait annoncé la fin des livraisons de Super Hornet pour 2027.
De fait, l’avenir du F/A-XX semblait, pour ainsi dire, sanctuarisé. Pourtant, bien qu’aucun report n’ait été rendu publique, comme c’est le cas de SSN(x) et DDG(x), le programme a vu, dans le cadre de la préparation du budget 2025, sa ligne de crédits passer des 1,5 Md$ prévus, à seulement 500 m$.
Il s’agit, selon l’US Navy, de financer certaines urgences immédiates, sans toutefois remettre en question la trajectoire du programme. Cependant, la décision a immédiatement fait réagir les trois grands acteurs aéronautiques américains, Boeing, Lockheed Martin et Northrop Grumman, tous trois engagés dans la compétition pour developper le futur chasseur embarqué américain, s’inquiétant des conséquences d’un tel report sur leur activité, mais également sur la planification du programme, lui-même.
Presque tous les programmes majeurs touchés par des délais moyens de 2 ans
Ces reports et délais s’inscrivent, par ailleurs, dans un contexte particulièrement difficile pour l’US Navy, et pour l’ensemble de l’industrie navale de défense américaine. En effet, un rapport ordonné par le Secrétaire à la Navy, Carlos del Toro, a été rendu public en mai dernier, avec un constat pour le moins préoccupant dans ce domaine.
Il apparait de l’étude des programmes en cours de la construction navale US, que ces programmes affichent un retard moyen de deux ans, là où, précisément, l’US Navy est engagée dans une course contre-la-montre capacitaire contre la Marine chinoise, avec une échéance particulièrement proche, fixée à 2027.
Plus exactement, les sous-marins SSN Virginia block IV affichent, en moyenne, 36 mois de retard, les Block V, qui n’entreront en production que d’ici à 2 ans, déjà 24 mois. Les très stratégiques SSBN classe Columbia, quant à eux, ont déjà plus d’un an de retard, obligeant l’US Navy à prévoir le difficile prolongement de certains de ses SSBN classe Ohio, pour assurer la permanence de la dissuasion US.
Dans le domaine des navires de surface, les destroyers Arleigh Burke et les navires d’assaut classe America et San Antonio, se déroulent sans retard. Ce n’est pas le cas, en revanche, des porte-avions de la classe Ford, l’USS Enterprise affichant déjà 12 à 16 mois de retard.
Mais c’est incontestablement les frégates de la classe Constellation, un programme initialement conçu pour redonner rapidement de la masse à l’US Navy, qui affiche le retard le plus inquiétant, avec une entrée en service prévue dorénavant pour 2027, avec trois ans de retard sur le planning initial, alors que le programme a été lancé industriellement en 2021.
L’US Navy au chevet de l’industrie navale US
Ces difficultés successives qui ont amené l’US Navy à prévoir une enveloppe de 2,4 Md$ dans le cadre du budget 2025, pour aider l’industrie navale américaine, à effectuer les évolutions et ajustements nécessaires pour en finir avec ces délais supplémentaires et retards, qui menacent désormais jusqu’au potentiel dissuasif américain dans le Pacifique.
Cette enveloppe doit permettre de financer, en partie, la modernisation des infrastructures industrielles, ainsi qu’à mettre en place de nouvelles filières de formation et de recrutement, les difficultés RH étant identifiées comme l’un des principaux freins à l’augmentation des cadences par les acteurs industriels.
Reste que, comme le montre le dernier audit du GAO, l’équivalent US de la cour des Comptes, les industriels ne sont pas seuls en cause, pour expliquer les difficultés rencontrées par la construction navale militaire américaine aujourd’hui.
En effet, l’US Navy tient, elle aussi, une grande part de responsabilité à ce sujet, comme le montre les dérives observées au sujet du programme de frégates Constellation, qui n’ont plus que 15 % des composants des FREMM classe Bergamini choisies comme base de travail pour ce programme.
Conclusion
De fait, les 2,4 Md$ qui seront injectés par l’US Navy pour la modernisation des sites industriels navals américains, en 2025, ne porteront leurs fruits que si, dans le même temps, la Marine américaine rompt, elle aussi, avec 30 années de dérives en matière de programmation comme de conduite de programme, ayant entrainé les échecs successifs des programmes Seawolf, Zumwalt, CG(x) et LCS.
Des programmes qui ont absorbé, à eux trois, l’équivalent budgétaire de 20 sous-marins classe Virginia, de 30 destroyers Arleigh Burke, de 60 frégates classe Constellation, et même de six porte-avions nucléaires classe Ford, ou un subtil équilibre entre ces navires, soit, probablement, la flotte qui, aujourd’hui, fait défaut à l’US Navy, pour pleinement dissuader la Marine chinoise d’une action offensive contre Taïwan.
Article du 12 juin en version intégrale jusqu’au 3 aout 2024
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نشر الخبر اول مرة على موقع :meta-defense.fr بتاريخ:2024-07-27 11:37:09
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