اخبار مترجمة :Naval Group dévoilera ses ambitions en matière de navires sans équipage au salon Euronaval 2024
Composée de quatre familles de produits, allant du grand navire autonome au module de contrôle lui-même, celle-ci couvre l’ensemble des besoins pour opérer efficacement ces nouveaux systèmes, dans de nombreux cas d’usages, faisant de Naval Group un pionnier européen dans ce domaine très prometteur.
La course aux navires sans équipage est lancée pour les grandes marines militaires
Des quatre grands domaines d’application de la technologie des drones (aérien, terrestre, spatial et naval), le naval est celui qui est apparu le plus tardivement. Il fallut, en effet, atteindre un programme de la DARPA en 2012, le programme ACTUV, qui se concrétisera avec la construction du SeaHunter, pour que le sujet prenne véritablement son envol, et commence à intéresser les grandes marines mondiales qui, jusque-là, se montraient plus que réservées quant à son application, au-delà de petits systèmes sous-marins autonomes de reconnaissance, souvent à usage unique.
Il est vrai que de nombreuses inconnues et interrogations s’appliquaient à ce domaine spécifique, notamment pour ce qui concerne le traitement des avaries et des fortunes de mer, qui pourtant focalise une part importante de l’action à la mer d’un équipage de navire, militaire ou civil.
Pour autant, au fil des essais, le SeaHunter, puis le Sea Hawk, montrèrent de réelles capacités, y compris lors des grands exercices de l’US Navy. En outre, des navires plus petits, spécialisés dans la défense des infrastructures côtières, commencèrent à être développés par certains pays ayant acquis un important savoir-faire dans le domaine des drones aériens, comme la Turquie ou la Chine.
Ce furent toutefois les tensions croissantes entre les États-Unis et la Chine, en particulier autour de Taïwan, qui propulsèrent cette nouvelle technologie, aux avant-postes des priorités de l’US Navy.
Constatant la progression très rapide de la flotte de haute mer de la Marine chinoise, s’appuyant sur des moyens industriels considérablement plus importants que ceux disponibles aux États-Unis, et face aux difficultés RH auxquelles toutes les armées occidentales sont confrontées, l’US Navy élabora, à partir de 2020, un plan visant à developper une vaste flotte de navires autonomes, plus de 150, pour épauler ses propres frégates et destroyers, et ainsi faire jeu égal avec l’APL.
Peu de temps après, les succès enregistrés par les drones de surface ukrainiens face à la puissante flotte de la mer Noire russe, finirent de convaincre les états-majors du potentiel de cette approche.
Naval Group présente une gamme complète pour mettre en œuvre des navires et sous-marins sans équipage
Outre les États-Unis, la Chine et la Turquie, déjà cités, plusieurs pays se sont engagés, eux aussi, à developper des capacités dans ce domaine. C’est notamment le cas de la Grande-Bretagne, de la Corée du Sud, et du Japon.
Bien qu’évoquant, de manière discrète, des essais menés avec d’autres partenaires français, Naval Group était resté, jusqu’en 2021, discret, à ce sujet. La surprise fut donc totale, lorsqu’à l’occasion des Innovation Days de cette année, un événement interne destiné à promouvoir l’innovation et à communiquer sur les avancées réalisées, le constructeur naval français présenta un démonstrateur de sous-marin autonome de 10 mètres de long et de 10 tonnes.
Conçu en grand secret et sur fonds propres, celui-ci était loin de ne constituer qu’une vague recherche conceptuelle appliquée à une maquette. En effet, le navire entama, quelques jours plus tard, seulement, une première campagne d’essais, suivie de plusieurs autres par la suite.
L’initiative de Naval group ne passa pas inaperçue à l’hôtel de Brienne, le ministère des Armées libérant rapidement, au travers de la DGA, une première enveloppe pour participer aux essais. Depuis, le développement d’un démonstrateur opérationnel de sous-marin autonome, basé sur le concept initial de Naval Group, a été inscrit dans la Loi de Programmation Militaire 2024-2030, dotée d’une enveloppe de 5 Md€, dans le domaine des drones et systèmes autonomes.
Loin de se satisfaire de ce succès, l’industriel français vient de dévoiler, en amont du salon Euronaval, une gamme entière de systèmes, dédiée à la mise en œuvre de ces nouveaux navires et sous-marins autonomes, à destination des marines militaires. Celle-ci se compose de quatre catégories de systèmes.
Seaquest S/M/L : des navires de surface sans équipage de 6 à plus de 60 mètres de long
La plus emblématique est la famille de navires de surface sans équipage, ou USV, baptisée Seaquest. Celle-ci se décompose en trois classes de bâtiments de tailles et de fonctions différentes.
Le Seaquest S (Small), d’une longueur de 6 à 12 m, a un format adapté pour être transporté et mis en œuvre à partir des grands navires militaires, comme les frégates, les destroyers, les navires d’assaut ou les navires de soutien. Ils peuvent, en outre, s’avérer utiles pour assurer des missions de surveillance et de protection spécifiques, dans des espaces restreints, comme les ports.
Le Seaquest M (Medium), aura une longueur allant de 15 à 50 mètres. Ce format permet à l’USV de recevoir certains équipements lourds et volumineux, comme des missiles, de l’artillerie navale, un sonar ou un radar. Ils seront très certainement dédiés aux missions de protection littorale, n’ayant pas l’autonomie et la tenue à la mer pour efficacement accompagner une flotte de haute mer.
Cette mission sera confiée au Seaquest L (Large). D’une longueur supérieure à 50 mètres, soit la taille d’une corvette, le navire autonome pourra emporter simultanément armement et systèmes de détection, et pourra les mettre en œuvre, y compris par des mers formées. Il sera donc parfaitement adapté pour accompagner et escorter les forces navales océaniques, pour en accroitre l’efficacité et la puissance feu.
Seagent M/XL pour l’autonomie des systèmes sous-marins
Étonnamment, Naval Group n’a pas choisi de décomposer son offre de sous-marins autonomes, sur le même modèle que celui de Seaquest, peut-être en raison des engagements liant déjà l’industriel à la DGA, dans ce domaine.
Ainsi, la gamme Seagent se compose non de deux modèles de sous-marins autonomes de taille croissante, mais de deux systèmes autonomes, destinés à mettre en œuvre ces unités navales. Le Seagent M permet de contrôler et commander les systèmes sous-marins autonomes de moins de 6 mètres. On pense, ici, aux différents modèles d’USV de reconnaissance sous forme de torpille autonome, ou de planeur sous-marin, qui arriveront massivement dans les forces navales dans un avenir proche.
Le Seagent XL, lui, est destiné à des navires sous-marins de grande taille, pouvant se substituer, dans ses missions, moyens de détection et armement, à des sous-marins conventionnels, comme c’est le cas du démonstrateur DDO en cours de conception pour la DGA.
Sealken U-S-A Dock pour lancer et récupérer les drones et systèmes autonomes à la mer
La famille Sealken, quant à elle, répond à des besoins très concrets des marines, pour la mise en œuvre de leurs systèmes autonomes, qu’ils soient aériens, sous-marins ou de surface. Plus particulièrement, les systèmes Sealken sont conçus pour permettre la mise à l’eau, à à l’air, ainsi que la récupération à la mer, de ces différents systèmes autonomes.
La famille se décompose en 3 spécialités, selon qu’il s’agit de drones aériens (Sealken A-Dock), de navires autonomes de surface (Sealken S-Dock) et de drones sous-marins (Sealken U-Dock).
Assez peu spectaculaire en apparence, la gamme Sealken démontre la volonté, pour Naval group, d’apporter une solution globale aux marines militaires, pour l’ensemble des problématiques liées à l’utilisation des systèmes autonomes, en particulier à la mer, et en condition opérationnelle.
Steeris Mission System et Command : le cœur modulaire pour contrôler les drones et navires autonome
Le dernier composant de la gamme Naval Group, concerne le contrôle et la communication de ces systèmes autonomes, à bord des navires militaires, ou de la terre. Baptisée Steeris, cette offre se compose d’un système de mission permettant de piloter et de transmettre des instructions aux drones, et d’un module de commande (Steeris Command), conçu pour concentrer dans un espace restreint (un conteneur de 20 pieds, semble-t-il), l’ensemble des moyens de communication et des postes de commandes, permettant de contrôler ces drones, y compris en essaim, avec une équipe réduite.
On le voit, l’offre de Naval Group, qui sera détaillée lors du salon Euronaval, va bien au-delà de la simple présentation d’un nouvel USV, ou d’un dispositif de mise en œuvre des drones et navires autonomes. Il s’agit, en effet, d’une gamme de produits et services complète, portant en elle les premiers éléments d’une normalisation dans ce domaine, pour centraliser la mise en œuvre d’une vaste offre de systèmes autonomes navals.
Une alternative prometteuse aux contraintes qui s’appliquent aux navires militaires et à leurs équipages
La nouvelle gamme de Naval Group, particulièrement élargie et complète, s’avère donc très prometteuse, pour favoriser l’arrivée des systèmes autonomes dans les marines militaires, mais aussi pour répondre à de nombreuses contraintes auxquelles celles-ci sont exposées ces dernières années.
Ainsi, les unités de taille réduite, comme la Seaquest S, et le système de contrôle Steeris, offrent conjointement des alternatives intéressantes pour renforcer rapidement et efficacement la protection des infrastructures navales, notamment contre les tentatives de renseignement adverse, et ce, sans devoir mobiliser un grand nombre de personnels.
Associés aux Seaquest M et aux Seagent S/XL, pouvant opérer en amont des infrastructures elles-mêmes, ces systèmes permettent de créer un rideau défensif côtier permanent qui, autrement, aurait mobilisé un grand nombre de moyens et d’opérateurs.
Alors que les tensions vont croissantes sur plusieurs théâtres d’opération, cette gamme de protection côtière, par ailleurs transportable et projetable, permettrait de sensiblement durcir la sécurité des emprises navales, y compris contre la menace des drones d’attaque de surface, comme ceux employés en Ukraine.
Pour les flottes de haute de mer et de projection de puissance, le système proposé par Naval Group permet d’ajouter des USV et UUV aux capacités déployables par les grandes unités de surface, avec une empreinte limitée, puisqu’embarqué dans un simple module de mission standard.
Surtout, avec les Seaquest L et Seagent XL, ces flottes peuvent sensiblement accroitre leurs capacités défensives, en disposant d’un regain sensible de munitions disponibles, ainsi que de senseurs.
Ceci permet non seulement d’accroitre la puissance de feu de la flotte, en particulier pour faire face à des attaques de saturation, mais aussi d’étendre le périmètre de détection, et même de mettre en œuvre certaines capacités améliorant l’efficacité des senseurs, comme le multistatisme.
Reste que le plus grand intérêt, concernant l’offre de Naval group, repose sur son évident objectif pour en limiter le poids en matière de ressources humaines nécessaires à la mise en œuvre des systèmes. Or, toutes les armées occidentales, aujourd’hui, font face à d’importantes difficultés dans le domaine des ressources humaines, qui sont devenues, au fil des années, le facteur le plus contraignant concernant l’évolution de leur format.
Une technologie encore jeune, qui doit faire face à de nombreuses inconnues
Pour autant, il reste encore de nombreuses inconnues à lever, pour Naval group, comme pour tous les industriels engagés dans la révolution robotique des systèmes autonomes, pour définitivement convaincre les armées, en particulier les marines.
Ainsi, si les démonstrations d’efficacité et de fiabilité des systèmes Sea Hunter et Sea Hawk de l’US Navy, ont apaisé les oppositions dans les marines militaires, il reste à s’assurer de leur réelle fiabilité à la mer, sur de longues durées, et notamment la manière dont ces systèmes autonomes peuvent être entretenus et réparés, en cours de mission, par les équipes techniques des destroyers et frégates qu’ils accompagnent.
Le poids de la maintenance doit, en outre, être analysé dans sa globalité. Ainsi, une étude de l’US Navy avait montré les risques d’engorgement des infrastructures de maintenance navale, par ces systèmes autonomes, alors que la maintenance à la mer ne sera que très limitée, ce qui obligera à une plus longue captation des moyens de maintenance dans les ports d’attache, entre les missions.
La fiabilité opérationnelle de ces systèmes, devra également être démontrée, en particulier en situation de combat, alors que les navires doivent être non-émitifs, et que la guerre électronique fait rage.
Plus globalement, les couts de construction et de possession de ces systèmes, sont encore très vagues, de sorte qu’il est difficile d’en apprécier la soutenabilité réelle, pour les marines aux moyens déjà sous fortes tensions.
Enfin, reste le risque d’un abaissement du seuil d’engagement, que les systèmes autonomes portent intrinsèquement avec eux. On se rappelle, ainsi, le drone RQ-4 Global Hawk américain, abattu par un missile de défense aérienne iranien en juin 2019, et qui avait amené le président Trump à ordonner des frappes massives sur l’Iran en représailles.
Fort heureusement, sous la pression de ses conseillers proches, le président américain annula l’ordre de frappe au dernier moment. Toutefois, il est très probable que Téhéran n’avait pas anticipé une telle riposte potentielle des États-Unis, pour la destruction d’un système non habité.
Plus globalement, des études ont montré que l’utilisation croissante de systèmes non pilotés, abaissait sensiblement les seuils d’engagement des forces, les siennes comme celles de l’adversaire, avec un risque, lui aussi croissant, d’escalades à suivre.
Naval Group communique peu, mais progresse rapidement dans de nombreux domaines
Au-delà de ces aspects purement techniques et opérationnels, entourant la nouvelle offre de systèmes autonomes de Naval Group, l’industriel français fait, cette année encore, la preuve de son grand dynamisme en matière d’innovation, de recherche et développement, ainsi que d’ambitions et de stratégies.
Ainsi, après avoir présenté le drone sous-marin DDO en octobre 2021, Naval Group avait présenté, en octobre 2023, le Lanceur Modulaire Polyvalent, à nouveau à l’occasion des innovations Days, un système de défense rapproché permettant de mettre en œuvre 4 modules comprenant chacun 4 missiles à très courte portée Mistral-3, ou deux missiles MMP, 10 roquettes à guidage laser de 70 mm, ou deux charges de profondeur anti-sous-marine.
Au même moment, Naval Group annonça le passage de sa gamme de sous-marins conventionnels, Scorpene et Barracuda, aux batteries lithium-ion, devenant le premier en Europe, et le second à l’échelle de la planète, à offrir de type de technologie.
L’industriel français présente donc, sur une base annuelle (2022 ayant été marqué par le salon Euronaval et la présentation du PANG), de réelles innovations, susceptibles de changer de manière sensible la conduite des opérations navales militaires.
On retrouve ce dynamisme dans l’extension des moyens et infrastructures industrielles du groupe. Celui-ci a, ainsi, présenté il y a peu, l’architecture retenue pour son nouveau site qui sera construit à La Londes, entre Toulon et Hyères, et qui sera entièrement dédié à la recherche et la production de systèmes autonomes et de drones navals.
Ce dynamisme, qui n’est pas sans rappeler celui de DCNS dans les années 90, avec notamment les Frégates Légères Furtives, est d’autant plus notable que Naval Group demeure un groupe industriel à forte dimension publique, parvenu à se défaire du fonctionnement de type arsenal, pour s’engager pleinement, et avec un évident succès, sur le marché mondial.
Conclusion
Une nouvelle fois, donc, Naval group nous aura gratifié d’une annonce spectaculaire, ce mois d’octobre 2024, avec la présentation de sa gamme complète dédiée aux systèmes navals autonomes.
Non seulement l’industriel français se positionne-t-il sur l’ensemble des créneaux identifiés sur ce marché, du drone de surface portuaire au grand navire autonome d’accompagnement hauturier, mais il propose une gamme complète de services et de produits, pour mettre en œuvre ces systèmes, de la manière la plus efficace qui soit.
Il reste, naturellement, beaucoup de chemins à parcourir, et cela commencera par la construction de démonstrateurs permettant de valider le potentiel opérationnel de ces systèmes, ainsi que la maitrise technologique de Naval Group dans ce domaine.
Pour autant, la dynamique est bien lancée, plaçant le français en amont de ses concurrents européens, et de manière élargie, dans un trio de tête mondial, concernant les technologies de systèmes navals autonomes, aux côtés des États-Unis et de la Chine.
On ne peut qu’espérer, comme ce fut le cas pour le démonstrateur de drone sous-marin en 2021, que la DGA embarquera rapidement dans cette aventure (si ce n’est pas déjà fait…), de sorte à associer un calendrier ambitieux, à ces initiatives qui le sont tout autant.
Article du 30 septembre en version intégrale jusqu’au 9 novembre 2024
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نشر الخبر اول مرة على موقع :meta-defense.fr بتاريخ:2024-11-02 11:59:00
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