اخبار مترجمة :Que vaut la Marine russe aujourd’hui ? Flotte de surface, Mosquito fleet et modernisation (2ᵉ Partie / 2)
Après avoir étudié, de manière détaillée, la flotte sous-marine des VMF, cette seconde partie va se concentrer sur la flotte de haute mer, la flotte côtière, ainsi que sur les grands programmes industriels, supposés permettre de renouveler les moyens de la Marine russe.
La flotte de haute mer russe en perte rapide de moyens et de compétences
Si la flotte sous-marine russe demeure une menace importante, y compris pour l’OTAN, ce n’est plus le cas de la flotte de surface de haute mer. Celle-ci se compose, en effet, aujourd’hui, d’un assemblage disparate et vieillissant de navires, pour l’essentiel hérités de la flotte soviétique, péniblement modernisés par les chantiers navals russes, dotés d’une disponibilité médiocres et de capacités opérationnelles parfois obsolètes, alors que les nouvelles unités se font toujours attendre.
Concrètement, la flotte de haute mer russe se compose, aujourd’hui, d’un porte-avions, le Kuznetzov, au statut à ce point incertain que son équipage a été en partie déployé en Ukraine comme unités d’infanterie, d’un unique croiseur nucléaire, le Piotr Veliky, dont la modernisation est repoussée depuis huit ans, au fur et mesure que celle de son sister-ship, l’Admiral Nakhimov, traine en longueur, et de deux croiseurs de la classe Slava, des navires dont l’efficacité opérationnelle a été fortement compromise après la perte du Moskva, troisième unité de la classe, lors des premiers mois de combat en Ukraine.
Ces trois classes formaient, pourtant, le fer de lance de la puissance navale russe au début des années 90, sous l’impulsion des réformes engagées dans les années 60 par l’amiral Gorshkov, pour doter l’Union Soviétique d’une flotte de haute mer susceptible de s’opposer à l’US Navy, à la suite de ce qui fut ressenti comme une défaite par les VMF, lors de la crise des missiles de Cuba, en 1962.
Cette transformation entrainera la création de plusieurs classes emblématiques de la Marine soviétique des années 80, comme les croiseurs nucléaires Kirov, les croiseurs porte-hélicoptères Kiev, les croiseurs lance-missiles Slava, les destroyers Udaloy et Sovremenny, et les frégates Krivak.
Force est de constater, aujourd’hui, que ce sont toujours ces navires qui forment l’essentiel de la flotte de surface de haute mer russe. Ainsi, outre les navires précédemment cités, la Marine russe aligne 10 destroyers, dont 8 Udaloy anti-sous-marins et 2 Sovremenny, tous entrés en service de 1982 à 1993, à l’exception de l’Admiral Chabanenko, le dernier Udaloy livré en 1999, alors que la finition du navire avait été interrompue plusieurs années après la chute de l’Union soviétique.
La situation est sensiblement différente concernant les 10 frégates en service, même si, parmi elles, figurent une Krivak I (pr 1135 Burevestnik), le Ladny, entrée en service en 1980, et une Krivak II (Pr 1135M), le Pilivyy, entrée en service en 1981.
Le reste de la flotte est composé de deux frégates de 4300 tonnes de la classe Neustrashimyy, entrées en service en 1990 et 2009, de trois frégates classe Admiral Grigorovish de 3800 tonnes, entrées en service en 2016 et 2017, et de 3 frégates de 5300 tonnes classe Admiral Gorshkov, entrées en service en 2018, 2020 et 2023.
Outre les unités de surface combattantes, la Marine russe met également en œuvre une flotte de 17 navires de débarquement de type LST (Landing Ship Tank), pour les opérations amphibies.
À l’exception des deux navires de 6600 tonnes de la classe Ivan Grene, entrés en service en 2018 et 2020, les 15 autres unités des classes Tapir (5000 t) et Ropucha (4000 t), sont toutes entrés en service de 1968 à 1991, et s’avèrent vulnérables aux menaces modernes, comme l’ont montré les attaques de drones ukrainiens ayant gravement endommagé trois d’entre elles.
On le voit, la flotte de haute mer russe, aujourd’hui, n’est plus que l’ombre de ce que fut la flotte soviétique dans les années 80, alors même qu’elle met en œuvre, pour l’essentiel, les mêmes navires, partiellement modernisés seulement, et incontestablement vétustes.
Il apparait surtout que les seuls navires modernes livrés ces 25 dernières années, s’avèrent être des frégates relativement compactes, ou deux LST aux performances et comportements largement contestés par les marins russes eux-mêmes.
Ceci fait apparaitre d’importants problèmes en matière de construction des unités de surface de plus de 6000 tonnes. Il est donc probable, aujourd’hui, que la situation et les difficultés ne s’amélioreront pas, dans un avenir pas si proche, pour la flotte de haute mer de Moscou.
La « Mosquito Fleet » des corvettes de la Marine russe, un joker opérationnel à l’efficacité contestée en Ukraine
Conscient des difficultés rencontrées par les chantiers navals russes, pour construire de grandes unités de surface combattantes, la Marine russe a concentré ses efforts, durant les années 2000 et 2010, sur le développement d’une flotte importante de petites unités côtières lourdement armées, donnant naissance à ce qui a été qualifié de « Mosquito Fleet » par l’OTAN.
Celle-ci se compose, aujourd’hui, de plus de 80 corvettes aux dimensions et performances très hétérogènes, allant des redoutables Gremyashchiy (pr 22085) de 2500 tonnes, mieux armées que beaucoup de frégates occidentales deux à trois fois plus lourdes, aux Tarantul de 500 tonnes, faisant office de vedettes lance-missiles antinavires côtières.
Les deux tiers de cette flotte sont composés de navires hérités de l’époque soviétiques, dont 19 Grisha (1982-1994), 8 Nanuchka (1987-1990), 19 Tarantul (1985-2003) et 6 Parchim (1986-1990).
Au début des années 2010, sur la base du modèle de corvette légère Buyan (3 exemplaires), la Marine russe conçu le projet 21631 Buyan-M. Ces navires de 950 tonnes, dont 11 exemplaires ont été livrés de 2014 à 2023, ont été armés de missiles de croisière Kalibr, d’une portée supérieure à 1500 km, ce qui permettrait alors à Moscou de contourner les interdictions du traité INF sur les armes nucléaires à courte et moyenne portée en Europe, qui interdisait la détention et le déploiement de missiles de croisière sur lanceur terrestre.
Ainsi, les 4 Buyan-M de la flotte de la mer Noire, et les trois de la flotte de la Caspienne, ont activement participé, au début du conflit, aux frappes contre l’Ukraine, en employant leurs missiles Kalibr. Il est toutefois apparu rapidement que cette stratégie pouvait exposer les corvettes à des attaques ukrainiennes, et qu’elle s’avérait, au final, assez peu efficaces, en comparaison des frappes de missiles lancés par les bombardiers russes.
La vulnérabilité des Buyan-M a finalement dissuadé la Marine russe de persévérer en ce sens. Celle-ci met, désormais, l’accent sur la livraison des nouvelles corvettes légères Karakurt, des navires de 67 mètres et 800 tonnes, destinées à remplacer les Grisha et Nanuchka hors d’âge
Lourdement armées dans le domaine antinavire, avec deux systèmes UKSK VLS armé de 4 missiles Kalibr ou Oniks, elles disposent aussi d’un puissant armement antiaérien, antimissile et antidrone, avec un système Pantsir-M. Cependant, leur faible autonomie à la mer de 15 jours, les oblige à se cantonner à des missions de protection côtière et des infrastructures portuaires.
Lider, Super-Gorshkov, Ivan Rogov… : De nombreux programmes annoncés, mais au statut incertain
On le voit, si la Marine russe dispose de moyens significatifs, sans atteindre les chiffres évoqués concernant l’exercice Ocean-2024, ceux-ci révèlent, dans le détail, une réalité complexe très loin d’être homogène.
Ainsi, si sa flotte sous-marine et sa flotte de corvettes, s’avèrent effectivement efficace et en plein renouvellement, la flotte de haute mer, elle, semble devoir n’évoluer que très lentement, et être contrainte à conserver, pour de nombreuses années encore, ses navires hérités de l’époque soviétique, à l’efficacité et la disponibilité devenues dangereusement basses.
Pourtant, en 2018, Vladimir Poutine avait lui-même annoncé un effort important destiné à moderniser la Marine russe, et cette composante de haute en particulier. De nombreux programmes avaient alors été présentés comme imminents, parfois par la Marine russe elle-même, à l’occasion de différents salons de l’armement naval mondiaux.
Depuis, cependant, les informations au sujet de ces programmes, se sont faites de plus en plus rares, pour finalement disparaître du discours officiel russe ces trois dernières années. Le plus représentatif d’entre eux, était le destroyer lourd Lider, destiné à remplacer, selon le discours de l’époque, les croiseurs des classes Kirov et Slava.
Ce destroyer de 190 m et 19 000 t, à mi-chemin du croiseur, devait, en outre, être doté d’une propulsion nucléaire, comme les Kirov, et d’un arsenal offensif et défensif qui en aurait fait l’unité de surface combattante la plus lourdement armée du moment, avec 64 silos UKSK pour missiles Kalibr, Oniks et Tzirkon, 56 silos pour un système antiaérien dérivé du S-500, et 16 silos Redut pour l’autodéfense. Plus aucune information officielle sur le Lider n’a été communiquée depuis 2020.
Il en est allé de même du destroyer projet 22350M Super Gorshkov. Dérivés des frégates 22350 Admiral Gorshkov, ces destroyers de 7000 à 8000 tonnes, armés de 12 systèmes VLS UKSK (48 silos pour missiles de croisière et antinavires), et de 32 silos Redut, devaient permettre de remplacer avantageusement une partie des destroyers Udaloy et Sovremenny, avec un navire disposant d’une puissance de feu deux fois plus élevée que les frégates de la classe Gorshkov.
À la suite de l’étude préalable qui se termina en 2019, la Marine russe cessa de communiquer sur ce navire, concentrant ses efforts sur des navires plus compacts, à la trajectoire industrielles mieux maitrisées et surtout moins onéreuses, comme les Gorshkov, ou les corvettes 22380/5.
Autre grand programme au statut incertain, les deux porte-hélicoptères d’assaut de 40.000 tonnes de la classe Ivan Rogov (projet 23900), dont la construction a pourtant débuté en juillet 2020, aux chantiers navals Zaliv, situés à Kerch, en Crimée. Les navires doivent entrer en service en 2028 et 2029.
Toutefois, l’exposition des chantiers navals Zaliv aux attaques ukrainiennes, aura, très certainement, fortement affectée la construction de ces deux navires, si pas arrêtée. En outre, la vulnérabilité des unités amphibies et grandes unités navales, aux missiles antinavires comme aux drones, démontrée par les ukrainiens en mer Noire, pourrait également avoir distillé le doute parmi les décideurs russes, quant à l’intérêt d’une classe de navires, par essence très onéreuse, pour une Marine russe, qui n’est pas parvenu à prendre le contrôle de la mer Noire, malgré un avantage numérique et technologique incontestable.
Là encore, aucune information concernant le programme n’a été divulguée depuis 2021, exception faite de quelques informations « complémentaires » concernant la possibilité, pour le LHD, de transporter des drones, ou de servir de navire hôpital. Cela dit, il semble évident que la Marine russe n’a aucun intérêt à communiquer à son sujet, précisément parce que les navires sont censés être fabriqués à portée de tir des ATACMS et SCALP-EG ukrainiens.
Au final, aucun des grands programmes présentés à la fin des années 2010, pour former la relève des grandes unités de surface de la Marine russe, ne fait l’objet de communications officielles depuis plus de trois ans maintenant. En outre, rien n’indique que des constructions de ce type aient été entreprises, ni au travers des analyses photographiques satellites des chantiers navals russes, ni au travers de clichés publiés par les Spotters sur les réseaux sociaux.
Il est donc probable qu’ils soient mis en sommeil, le temps de passer l’épreuve ukrainienne, voire qu’ils aient été purement et simplement annulés. Cependant, ces délais viendront handicaper, de manière évidente et sensible, le potentiel naval opérationnel de la Marine russe dans les années et décennies à venir, en particulier dans le domaine de la flotte de surface de haute mer, celui qui, précisément, permet de contrôler les espaces maritimes.
Conclusion
Nous voilà au terme de cette synthèse concernant la Marine russe, aujourd’hui, et son évolution probable dans les années à venir. Comme c’est souvent le cas, il est impossible de répondre à la question de départ, par une réponse simple et courte.
En effet, si la flotte de haute mer russe souffre de graves lacunes, et ne montrent aucun signe pouvant indiquer une amélioration prochaine dans ce domaine, sa flotte côtière, en revanche, a bien entamé sa transformation, avec des navires remarquablement armés qui devront, toutefois, démontrer leur efficacité au combat, et pas uniquement sur les tableaux Excel.
C’est bien, cependant, la flotte sous-marine russe, ou plutôt les flottes sous-marines, qui représentent, aujourd’hui, le bras armé de Moscou, sur et sous les océans. Ainsi, en dépit d’un PIB 35 % plus faible que celui de la France, et 12 fois plus faible que celui des États-Unis, la Russie va bientôt disposer d’une flotte de sous-marins nucléaires lanceurs d’engins SSBN 3,5 fois plus importante que celle de la France ou de la Grande-Bretagne, et 15 % plus importante que celle de l’US Navy.
C’est aussi le cas dans le domaine des sous-marins nucléaires d’attaque et lance-missiles, SSN et SSGN, ne cédant qu’à l’US Navy dans ce domaine, et surclassant de 70 % le nombre de navires du couple franco-britannique. Enfin, les 21 sous-marins à propulsion conventionnelle russes, complètent ce potentiel opérationnel à moindre cout, pour rapprocher la flotte sous-marine russe, dans son ensemble, en nombre, des flottes chinoises et américaines, pour un pays infiniment moins riche et moins peuplé.
De toute évidence, Moscou et la Marine Russe, refont le pari qui fut fait dans les années 50 et 60, et qui permit à l’Union soviétique de relever le défi naval occidental, en concentrant ses efforts sur la flotte sous-marine et la flotte de bombardement naval.
Le risque, pour l’occident, est évidemment de se satisfaire de la faiblesse de la flotte de haute mer, et de se gausser de cette Mosquito Fleet, plus efficace qu’il n’y parait, pour oublier que cette menace sous-marine russe, a le potentiel de considérablement entraver les liaisons transatlantiques, mais aussi transpacifiques et en Méditerranée, venir directement faire dérailler les économies européennes, sous respirateur énergétique et économique du reste du monde.
Alors que la lutte anti-sous-marine est devenue, pour une majorité de marines occidentales, y compris l’US Navy, une capacité secondaire face à la défense aérienne, antibalistique et anti-surface, il faudra de nombreuses années pour que celles-ci récupèrent les navires et aéronefs spécialisés, ainsi que le savoir-faire et le niveau de performances relatives qui étaient le leurs, à la fin de la guerre froide. Rappelons, à ce titre, par exemple, que la Royal Navy sera passée de 30 frégates anti-sous-marines en 1990, à seulement 8 en 2030, et pour l’US Navy, de 56 O.H Perry et Knox à cinq Constellation, dans le meilleur des cas, à ces mêmes dates.
Plus que jamais, l’expertise de la Marine nationale, l’une des seules, si ce n’est la seule marine occidentale, à ne pas avoir baissé sa garde dans le domaine de la lutte anti-sous-marine, avec 13 frégates ASM, 16 Patmar et leurs équipages formés, entrainés et aguerris en 2030, sera déterminante dans les années à venir, spécialement pour contenir la menace sous-marine russe.
Article du 11 septembre en version intégrale jusqu’au 14 octobre 2024
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نشر الخبر اول مرة على موقع :meta-defense.fr بتاريخ:2024-10-11 18:25:00
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