اخبار مترجمة :Un programme Super-Rafale s’impose-t-il aujourd’hui, entre le Rafale F5 et le SCAF ? 1/2
L’appareil disposera, en effet, d’une capacité de traitement de l’information et de communication renouvelée, lui permettant de contrôler et d’interagir avec des drones de combat. Ce faisait, le Rafale F5 pourra mettre un pied dans la fameuse 6ᵉ génération d’avions de combat, qui se construit aujourd’hui autour des programmes SCAF, GCAP ou NGAD, en occident.
Toutefois, en s’imposant la même cellule et d’autres limitations liées à l’évolution itérative, le Rafale F5 ne pourra pas, véritablement, franchir le pas générationnel, même si ses caractéristiques opérationnelles seront transformées, et très proches de l’efficacité des chasseurs de 5ᵉ génération comme le F-35, le J-20 ou le Su-57.
Se pose donc la question si, au-delà du Rafale F5 pour 2030, la France ne devrait pas développer, à horizon 2035, un véritable Super-Rafale, pouvant faire la jonction opérationnelle, technologique et commerciale, avec le programme SCAF, tant pour préserver l’efficacité des forces aériennes et aéronavales françaises, notamment celles impliquées dans la dissuasion, que pour préserver sa position dominante sur le marché des avions de combat, dans le monde.
La transformation des forces aériennes qui se profile à partir de 2030
Il n’y a de cela qu’une année, la transformation des aviations de chasse qui résulterait de l’arrivée des avions de combat de 6ᵉ génération, comme le NGF du SCAF, ou le Tempest du GCAP, n’était pas envisagée avant de 2045 ou 2050, de manière significative.
En outre, certains de ces programmes, comme GCAP ou NGAD, visaient davantage à concevoir un nouvel avion de combat, pour la décennie 2030, qu’un véritable système de systèmes, celui-ci ne devant entrer en service qu’après, à partir de 2040, date d’arrivée prévue pour le système de systèmes SCAF et son avion de combat NGF.
Bref, si les trajectoires étaient différentes entre les programmes occidentaux, la ligne d’arrivée, elle, demeurait la même, avec une véritable première capacité opérationnelle significative ne devant pas arriver avant 2045 ou 2050.
La suspension du programme NGAD de l’US Air Force, annoncée par son Secrétaire, Frank Kendall, il y a quelques jours, pourrait bien balayer, et accélérer, ce calendrier. Celui-ci a, en effet, indiqué que le programme était suspendu, jusqu’à une date indéterminée, le temps pour l’USAF de déterminer si les paradigmes autour desquels il était conçu, étaient encore valides et adaptés aux besoins qui se profilent désormais.
Officiellement, cette réflexion est conditionnée par des questions budgétaires, liées à l’explosion des couts de plusieurs programmes concomitants, comme l’ICBM LGM-39A devant remplacer les Minutemann III, dont les couts prévisionnels sont passés de 77,7 à 140 Md$ en quelques années.
Toutefois, dans le même temps, l’US Air Force a indiqué qu’elle entendait donner la priorité au développement de ses drones de combat, en particulier pour répondre à l’évolution du rapport de forces dans le Pacifique, face à Taïwan.
Sachant que le Pentagone a fait de l’échéance de 2027, le pivot des risques de conflit entre les États-Unis et la Chine, on comprend que cette décision de suspendre le programme NGAD, est liée à des facteurs extérieurs, comme le renforcement des moyens de défense aérienne de l’APL ou le développement de nouveaux systèmes aériens par l’industrie de défense chinoise, ainsi qu’à des considérations intérieures, d’optimisation budgétaire.
Dans tous les cas, cette décision préfigure un tempo bien plus soutenu qu’envisagé jusqu’à présent, concernant l’arrivée des drones de combat comme moyens principaux de la chasse aérienne, en tout cas concernant les États-Unis, et, très certainement, la Chine.
Le programme SCAF toujours jugé à risque par Dassault Aviation
Pour répondre à cette évolution majeure, qui touchera à la nature même de l’aviation de combat, la France a fait le choix, en 2017, de la coopération européenne, avec le programme Système de Combat Aérien du Futur, ou SCAF. Lancé initialement avec l’Allemagne, le programme a été rejoint par l’Espagne en 2019, puis par la Belgique, en qualité d’observateur, en 2024.
Contrairement au GCAP britannique, auquel participe également l’Italie et le Japon, qui se concentre sur la conception d’un avion de combat pour 2035, SCAF vise à developper l’ensemble du système de systèmes, y compris le cloud de combat, les drones et les systèmes de simulation, pour une entrée en service prévue, aujourd’hui, à partir de 2040, et plus probablement 2045.
Pour l’heure, toutefois, les accords entre Paris, Berlin et Madrid, ne concernent que la phase 1B d’étude initiale, en vue de concevoir le démonstrateur, à horizon 2027-2028. Il fallut aux ministres de la Défense des trois pays jouer des coudes, et quelque peu tordre le bras aux industriels, notamment Airbus DS et Dassault Aviation, pour obtenir ce premier accord.
En effet, l’avionneur européen réclame une participation active au pilotage de la conception du NGF, là où Dassault Aviation, s’appuyant sur son expérience dans le domaine, et sur les accords de partage concédés aux industriels allemands concernant les six autres piliers du programme, réclame le pilotage de ce programme.
Quoi qu’il en soit, pour l’heure, aucun accord, au-delà de cette phase 1B, qui prendra fin début 2027, n’a été obtenu, et tout semble indiquer que les tensions qui opposèrent les deux avionneurs européens de 2021 à 2023, sont prêtes à nouveau à éclater au grand jour, lorsque les négociations avanceront à ce sujet.
Qui plus est, les évolutions concernant les rapports de forces politiques en France, pourraient, elles aussi, menacer le programme, alors que le Rassemblement National, premier parti de France en nombre de députés et de députés européens, s’est toujours montré réservé quant à la pertinence de ces programmes franco-allemands, jugés déséquilibrés pour la France.
Enfin, la situation budgétaire de la France, pourrait venir altérer les capacités françaises de respecter ses engagements, en particulier au-delà de 2030, lorsque la phase industrielle débutera, et que les besoins de financements annuels seront multipliés par 3 ou 4, pour donner à l’industrie française l’activité nécessaire à l’exploitation d’une ligne d’assemblage.
Mis bout à bout, ces différents éléments amènent Dassault Aviation à considérer le programme SCAF comme un programme à risque, venant potentiellement menacer ses compétences industrielles, et son marché mondial, dans un secteur qui sera de plus en plus concurrentiel dans les années à venir, avec l’arrivée des avions chinois, sud-coréens ou turcs.
Quelles seraient les caractéristiques et la fonction d’un programme Super-Rafale
Face à ces constats, le Rafale F5 et son drone de combat, n’offriront qu’une réponse temporaire aux forces aériennes françaises et alliées les mettant en œuvre, alors que le SCAF n’arrivera, de manière efficace, qu’au-delà de 2045, s’il arrive.
Ce d’autant que rien n’indique, à cette heure, que le drone de combat pourra effectivement être embarqué à bord du porte-avions français, ni même si la version F5, qui pourrait imposer une version biplace Rafale B pour contrôler les drones, sera navalisée.
La France, ses forces aériennes et son industrie aéronautique de défense, pourraient, dès lors, avoir tout intérêt à developper, sur un calendrier raccourci, un nouveau Rafale, ne s’imposant pas les contraintes du F5, pour disposer d’un véritable chasseur de 5ᵉ génération pouvant évoluer vers la 6ᵉ, dans l’attente de l’arrivée du SCAF. Ce programme Super-Rafale aurait alors la fonction de répondre à 5 besoins militaires et industriels d’ici à 2035, ne pouvant être pleinement traités par le Rafale F5.
Assurer la transition opérationnelle et industrielle entre le Rafale F5 et le SCAF
La fonction première de ce programme, serait de faciliter la transition des forces armées, ainsi que de l’industrie aéronautique française, du Rafale au SCAF, deux appareils séparés par deux générations d’écarts, si tant est que cette notion de génération a un véritable sens.
Rappelons, en effet, que Marcel Dassault, lui-même, estimait que les évolutions, entre deux familles d’appareils, devaient se limiter à une ou deux grandes transformations, pour en garantir l’efficacité, les performances et la fiabilité.
Bien évidemment, les technologies de simulation permettent désormais de concevoir des appareils de manière plus efficace, et moins « artisanale », qu’à l’époque du Mirage III ou du Super Mystère. Toutefois, l’expérience montre qu’effectivement, l’excès d’ambitions rend un programme d’avion de combat excessivement instable, avec des dérives importantes en matière de couts et de délais de conception, voire avec des contraintes non planifiées concernant leur exploitation.
C’est en particulier le cas de ce qui a été observé autour du programme Joint Strike Fighter, qui donna naissance au F-35, l’appareil de Lockheed Martin n’ayant toujours pas atteint la pleine capacité opérationnelle, alors que près de 1000 appareils ont été livrés, et que sa maintenabilité, notamment logicielle, est devenue si complexe, que des délais glissants sont apparus concernant certaines défaillances toujours pas pleinement résolues. Ce sans parler du budget R&D de ce programme qui aura dépassé le PIB d’un pays comme la Roumanie ou la Finlande.
Ainsi, en ajoutant une étape intermédiaire de 5ᵉ génération, entre le Rafale F5 et le SCAF, Dassault Aviation réduirait sensiblement les risques entourant le développement de l’avion de combat européen, tout en profitant des retours d’expériences venant des forces aériennes et aéronavales françaises, concernant l’utilisation d’avions de combat structurellement plus évolués que les Rafale.
Conserver une dissuasion nucléaire et conventionnelle pleinement efficace jusqu’en 2060
À en croire les interrogations de l’US Air Force, la bascule d’efficacité entre avions de combat pilotés, et drones de combat, pourrait devoir se réaliser bien plus tôt qu’anticipé, dès la prochaine décennie, face à la Chine. Or, si tel est le cas face à l’APL, il convient de considérer que ce sera aussi le cas face à la Russie, et peut-être face à certains de leurs alliés.
Pour les armées françaises, comme pour la plupart des armées occidentales, la puissance aérienne est consubstantielle de l’efficacité des troupes au sol, portant avec elles, une grande partie de la puissance de feu globale de la force armée.
Dans le cas précis de la France, en outre, cette puissance aérienne représente une des deux composantes de la dissuasion aérienne, dans un contexte dans lequel la menace nucléaire est devenue monnaie courante, et où certains régimes n’hésitent plus à envisager, tout au moins sur la scène publique, l’utilisation des armes nucléaires tactiques, pour prendre l’avantage au sol, ou pour imposer un statu quo militaire.
Dans les deux cas, il apparait que la crédibilité militaire française, repose, aujourd’hui, en grande partie sur l’efficacité garantie de ses forces aériennes. Alors que les années 2030 et 2040 promettent d’être parmi les plus tendues et risquées de ces 100 dernières années, disposer d’une flotte de chasse n’affichant pas tous les atours de la puissance aérienne, viendrait irrémédiablement altérer le potentiel dissuasif français.
Maintenir une présence constante et attractive sur un marché en forte demande
Depuis le début des années 60 et l’arrivée du Mirage III, Dassault Aviation s’est imposé comme un des principaux avionneurs occidentaux. Ainsi, avec les Mirage III, V, F1 et 2000, l’avionneur français a su developper une image d’efficacité et de fiabilité auprès de nombreux clients fidèles, comme la Grèce, l’Inde, l’Égypte, les Émirats arabes unis et le Qatar, tous s’étant depuis tournés vers le Rafale.
En dépit de ses nombreux succès commerciaux, et de ses contributions aux efforts diplomatiques français dans le monde, il ne fallut que quelques échecs commerciaux consécutifs, de 2000 à 2012, aux Pays-Bas, au Maroc et au Brésil, pour que la confiance des autorités françaises vienne à s’étioler dans son champion industriel.
Or, l’écart d’efficacité commerciale entre le Rafale F4/F5, qui plafonnera certainement entre 2030 et 2035, dans le meilleur des cas, et l’arrivée du SCAF, à partir de 2045, là encore dans le meilleur des cas, sur la scène export, risque bien de recréer un contexte similaire, pouvant, cette fois, venir éroder le rôle de Dassault Aviation sur la scène internationale.
Ce d’autant qu’ici, l’avionneur ne disposera plus de toutes les cartes pour se défendre, comme ce fut le cas en 2010, lorsque le gouvernement Fillon envisagea sérieusement d’abandonner le Rafale pour commander des Mirage 2000 rafalisés à la place.
Surtout, Dassault pourrait bien perdre des parts de marchés stratégiques de 2030 à 2045, auprès de forces aériennes en demande de nouvelles solutions face à l’évolution de la menace, comme l’Inde face à la Chine et au Pakistan, ou l’Égypte et les EAU, face à l’Iran, les amenant à se tourner vers d’autres avionneurs, américains, sud coréens, voire turcs, avec des modèles qui pourraient alors, se réclamer de la 5ᵉ génération.
Se prémunir contre les risques intrinsèques au programme SCAF
Le programme Super-Rafale aurait, également, pour fonction, de prémunir les forces aériennes françaises et alliées, ainsi que l’industrie aéronautique française, contre les risques liés au programme SCAF.
Il s’agirait, bien évidemment, de contenir les risques d’échec du programme européen, que ce soit pour des raisons industrielles ou politiques. Ainsi, en cas d’échec, celui-ci ne pouvant intervenir que d’ici à 2032/2033, et le début de la phase industrielle, les armées françaises disposeraient toujours, pour les deux décennies à venir, d’un appareil très performant, satisfaisant à leurs besoins, donnant le temps aux autorités et aux industriels, pour lancer sereinement un programme national successeur du SCAF.
Il en va strictement de même si le programme européen venait à voir son calendrier glisser de plusieurs années, ce qui est loin d’être inenvisageable concernant un programme européen, comme le montre le drone RPAS Euromale aujourd’hui. À ce titre, le Super-Rafale aurait la même fonction que celle du Leopard 2AX allemand, au sujet du programme MGCS, lui aussi incertain.
Toutefois, la protection offerte par le programme Super-Rafale, peut aller bien au-delà de la simple assurance-vie. En effet, celui-ci permettra à l’ensemble de la BITD, de s’impliquer pleinement, et unilatéralement, dans la conception des technologies nécessaires à la conception d’un avion de combat de génération 5+.
Ce faisant, ce programme permettrait de neutraliser la menace que représente aujourd’hui le partage industriel auprès de différents grands acteurs de la BITD aéronautique française comme Thales, Safran ou MBDA, en leur donnant l’opportunité de piloter des technologies proches de celles qui seront développées pour SCAF, mais dont le pilotage a été confié à des entreprises allemandes ou espagnoles, pour respecter le partage industriel.
Accélérer le tempo technologique de la BITD aéronautique française
Enfin, le programme Super-Rafale permettra à l’industrie de défense française, d’expérimenter un tempo industriel raccourci, avec des cycles générationnels réduits de 15 ans, et non 40 comme aujourd’hui.
Or, de nombreux facteurs semblent indiquer que le tempo technologique défense mondial accélère à nouveau, sous l’impulsion de la Chine, et, depuis peu, des États-Unis. Si tel est bien le cas, les industriels qui peineront à prendre ce train en marche, risquent fort de se retrouver rapidement incapables de suivre un tel rythme, comme ce fut le cas, dans les années 50 et 60, de plusieurs avionneurs occidentaux (Fokker, De Haviland, Fiat..).
Encore faudra-t-il, pour cela, que les autorités françaises, civiles comme militaires, et les industriels eux-mêmes, acceptent de faire de deuil de la grande série et de l’évolutivité absolue, qui perdrait alors de leur intérêt, face à un tempo technologique bien plus rapide, ne permettant plus à une cellule d’évoluer sur 35 ans, tout en restant efficace du point de vue opérationnel.
Fin de la première partie – la seconde partie de l’article sera accessible ici le 29 septembre en version intégrale.
Article du 19 aout en version intégrale jusqu’au 1ᵉʳ octobre
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